Nos libertés, la peur et leur mépris

Nous attendions un préfet, vint à nous un prédicateur, un dir-com, si on préfère. Avec ce choix venu du Très Haut qui profita d’un remaniement ministériel pour placer, ici et là, amis, proches, courtisans et champions, nous sommes donc, en Haute-Marne, aux premières loges pour savoir ce qui se trame dans l’Olympe macronien. De quoi tressaillir. Au plan économique, se succèdent des centaines de plans sociaux qui s’additionnent à des millions d’heures de chômage partiel. Et le budget 2021 nous dit que cette politique ultralibérale va s’aggraver encore. Tout pour les riches. Les salariés travailleront plus pour gagner moins, s’ils ne sont pas sans emploi. Et les retraités, ces nantis, pourquoi n’acceptent-ils pas une baisse de leur pension pour sauver le pays ? Un pays dont les contours sont dessinés, trait pour trait, par Macron et le CAC 40… Pour l’écologie, deux mots pour frémir : Unitech et Bure, et un pour gazouiller avec les p’tits zoziaux : parc national.
Mais revenons à notre missi dominici. Chaque jour voit son lot d’interdits, de reproches, d’ukases. La pensée gouvernementale, reprise par le préfet, est d’une clarté et d’une bêtise confondantes. Si la Covid continue ses ravages, si les hôpitaux sont au bord de la crise d’apoplexie, c’est la faute aux citoyens, indisciplinés par habitude, inconscients par nature. La liberté de manifester, pourtant déjà bien mise à mal ces dernières années, se réduit comme peau de chagrin. Demain, on nous fera parvenir des mots d’ordre insipides à crier dans nos rassemblements comme on nous impose, aujourd’hui, le circuit à emprunter, sous peine d’interdiction…
Les plus de 65 ans, auxquels on répète chaque jour le risque qu’ils courent à mettre le nez dehors, baignent dans une ambiance de peur intolérable. Ils ont payé le prix fort dans le confinement, près de 30 000 morts, sans compter ce qu’on appelle pudiquement les morts collatéraux, ni oublier les conséquences physiques et psychologiques de cette politique sanitaire.
Si le gouvernement et ses préfets espèrent juguler la pandémie par l’autoritarisme, le mensonge, la répression, en faisant payer au peuple le prix de leur incurie, ils vont vite déchanter. La peur, le mépris peuvent, certes, conduire au repli sur soi. Mais comment penser que les générations de la Libération et de 68 vont rester éternellement calfeutrées chez elles. Attention au réveil, messieurs les censeurs !