Ceux-là sont fils de paysans, mais le terme ne leur plaît pas. Ils ne travaillent pas la terre, ils l’exploitent. Cette terre est à eux (même lorsqu’ils n’en sont que locataires) et ils s’octroient le droit de pressurer tout ce qui peut vivre dessus. Le vivant leur appartient. Ils s’empressent d’en tirer le meilleur profit. Et tant pis si ça peut le faire crever. Ils auront eu le temps, d’ici là, d’entrer dans un nouveau monde.
Ils se nomment eux-mêmes «agri-managers», parce qu’ils se veulent chefs d’entreprises. Ils créent des usines à grains, des usines à lait, des usines à viande… et maintenant des usines à gaz.
Ils ne se battent pas en faveur d’un revenu minimum pour les agriculteurs. Mais ils utilisent la colère légitime des petits paysans pour faire sauter à leur profit toutes les barrières de protection de la nature.
Ils font semblant de pleurer sur la mort de plus en plus rapide de ces petits paysans, alors qu’à chaque fois, ils se frottent les mains, assurés de récupérer les terres vacantes. Et comme ils n’en ont jamais assez à bousiller, ils obtiennent même qu’on supprime les jachères.
Captant l’essentiel des subventions, ils vivent de l’argent public, tout en fustigeant l’Etat et les institutions européennes. Mais ils ont la faveur du président des riches et de son gouvernement.
Ils sont 13 en Haute-Marne à rêver pouvoir s’associer à un grand groupe international. Pour ceux-là, la bascule tant attendue vers le monde de l’industrie et de la finance est à portée de main.
Leur projet déraisonnable, industriel, dangereux et anti-agricole, est rejeté par toute une population et ses élus. Mais si l’Etat veut les soutenir…
Lionel Thomassin