De nos jours, les festivals se portent mal, en général. Les causes en sont multiples. On citera par exemple la persistance, chez certaines personnes, des craintes de rassemblements, après la pandémie de 2020 et ses confinements. Certes, mais ça reste marginal. En réalité, la principale cause de difficultés tient à la baisse constante des subventions, alors que les coûts augmentent dans tous les domaines.
Les collectivités locales, de plus en plus abandonnées par l’Etat, puisent prioritairement dans les budgets dédiés à la culture… Elles prélèvent « sur ce qui n’est pas essentiel », disent les esprits bornés qui nous gouvernent.
Ainsi, le Festival Bernard Dimey, qui vient de se dérouler pour la 23e fois à Nogent, est menacé. Vivant encore un peu sur ses acquis, il n’arrive plus vraiment à équilibrer ses finances. La relative bonne fréquentation de l’édition 2024 permet toutefois d’espérer au moins une nouvelle édition l’an prochain. Mais que c’est dur !
Pourtant, quel bonheur de voir tous ces artistes, jeunes pour la plupart, manier à merveille la langue française. Chacun joue de sa propre originalité, personne ne cherche à imiter les grands anciens. La programmation est ainsi faite, année après année, que les formes de talent paraissent illimitées. Il y a toujours quelque chose de nouveau et d’enthousiasmant à découvrir. Des mondes s’offrent à la visite et nous ouvrent l’esprit.
Voilà le gros mot lâché !
L’ouverture, l’éveil aux autres, sont devenues des notions à abattre. L’extrême droite les vomit, la droite les traque et même dans une incertaine gauche, on les moque. Le wokisme, qui n’est à l’origine qu’une attitude ouverte et bienveillante face à la différence, dérange tellement ces gens-là, qu’ils ont réussi à le faire passer pour un dangereux projet de société. Pour eux, il est nécessaire d’éliminer tout ce qui n’entre pas dans la norme admise et il faut faire reculer les idées progressistes qui ont réussi à infuser dans la société.
Ceux qui, à la tête de nos institutions, fonctionnent ainsi, en sabrant dans les budgets de la culture (et ils sont nombreux), doivent savoir qu’ils servent de marchepied à l’extrême droite.
Lionel Thomassin