Curieux hasard du calendrier. Au moment où une partie de la classe politique et les médias godillots crient au scandale quant à la condamnation de Le Pen et de son parti, le Sénat adopte le texte d’Attal, fomenté par Retailleau, qui durcit la justice des mineurs. Les mesures les plus violentes : comparution dès 15 ans, limitation de l’excuse de minorité, sont rétablies bien qu’ayant été supprimées en commission. Quel exemple !
Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, se dit consternée par l’adoption de cette loi visant les jeunes délinquants et leur famille. C’est une véritable régression des droits de l’Enfant, en complète ignorance des recommandations des professionnels de terrain et des principes fondamentaux de la justice des mineurs. Alors que l’on a affaire à de jeunes adolescents, à peine sortis d’une enfance cabossée, on abandonne toute mesure éducative au profit d’une justice expéditive, répressive, ne proposant que des mesures coercitives.
Des mesures contre- productives, sans réponse sur le fond, sans réel accompagnement.
Le propos n’est pas de tolérer ou d’excuser ces actes inquiétants de délinquance précoce. Ils doivent être « punis ». Encore faut-il que la punition ait une fonction éducative de compréhension de la transgression, de modification des comportements. Là, nous sommes dans des mesures contre- productives, sans réponse sur le fond, sans réel accompagnement. Comment peut-on imaginer qu’un séjour en prison, pour un jeune de 15 ans, modifie la perception qu’il a de son rôle et de sa place dans la société. Faute de soins en santé mentale, de soutien à la parentalité, de mesures éducatives et de prévention, il en ressortira auréolé et montré en exemple dans son quartier. Les études sur le fonctionnement des mafias et des cartels identifient la prison comme le meilleur centre de formation et de promotion, surtout pour de jeunes délinquants.
Cette réforme passe à côté de l’essentiel : la délinquance est le symptôme des défaillances des politiques publiques de l’enfance, de la dégradation des conditions d’existence de familles dans des quartiers oubliés, privés de tout. Elle ressemble fort au kärcher de Sarkozy et plaît beaucoup à l’extrême droite.
Louis Laprade