À propos des retraites, François Bayrou joue les benêts, mais il sait très bien ce qu’il fait. Pour démontrer l’importance du déficit annoncé de notre système de retraites, il englobe volontairement les différents manques de financement du public et du privé et déclare un déficit « global » du système de 55 milliards d’euros, alors que le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) le détermine à environ 6 milliards.
Pierre Moscovici, chargé d’une mission flash pour évaluer ce déficit, doit rendre ses conclusions le 19 février.
Or on sait déjà qu’il n’y a aucun problème de financement de nos retraites. La réforme, passée aux forceps, n’a eu pour but que de baisser nos pensions et nous orienter vers la capitalisation et les fonds de pension. D’ailleurs, Darmanin a vendu la mèche en disant « qu’il fallait mettre fin à notre système par répartition ».
Le COR, lui, déclare que la réforme imposée à coups de 49.3 n’était pas du tout liée à un problème comptable, mais à un choix politique.
Il le confirme dans un rapport : si l’on compte l’ensemble des réserves et dettes existantes dans les différents régimes ainsi que dans le Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR), il y a globalement 127 milliards d’euros de réserves nettes dans le système (déficits déduits). Cela représente 5,6% du PIB.
Dans le détail, on s’aperçoit que ce ne sont pas les dépenses liées aux retraites qui risquent d’aggraver le déficit. En effet, celles-ci resteraient stables, rapportées au PIB, oscillant entre 13,5 % et 14 % de 2018 à 2030, quel que soit le scénario testé dans les prévisions. Et ce malgré le fait que la proportion d’actifs par retraité baisserait sur cette période, passant de 1,7 en 2018 à 1,6 en 2030 environ.
Nous savons d’où provient le déficit des retraites du privé : du manque de cotisations causé par l’aggravation du chômage, mais aussi et surtout des exonérations massives de cotisations sociales patronales évaluées à 75 milliards d’euros pour l’année 2022.
Pascal Pruvot