Inamovible ministre de l’Economie de Macron depuis 2017, Bruno Le Maire s’est livré à deux séances successives d’autocongratulation. D’abord une harangue contre tout ce qui va à contre-courant de la politique menée au cours de ces sept années. Puis un adieu en forme de déclaration romantique dédié à la secte très limitée qu’il a engraissée sans compter tout ce temps. Il part « désirant tourner la page de la politique ». Il est patent cependant que ce départ n’est pas de son chef. Les électeurs lui ont clairement signifié son congé le 7 juillet et il ne doit son long sursis qu’à l’indécision de son maître dans la recherche d’un clone de Bardella.
Entre 2017 et 2023, la part du patrimoine des 500 plus grosses fortunes a plus que doublé
En ces deux occasions, motus sur les 1 000 milliards d’euros de dette supplémentaire, cette mauvaise raison pour la droite et l’extrême-droite de renvoyer à perpète toutes les mesures sociales revendiquées dans les urnes. A la même aune : un déficit budgétaire à dérapages malgré des services publics en état de coma avancé ; une désindustrialisation qui a poursuivi sa trajectoire de chute (- 2,5 % en 7 ans) ; une gestion de l’inflation par une austérité sans faille vis-à-vis des salaires, pensions de retraite et aides sociales. Il est resté arc-bouté sur la défense de la théorie du ruissellement, principale cause de l’explosion des inégalités.
Ainsi, sur la base des chiffres de Challenges et de l’Insee, entre 2017 et 2023, la part du patrimoine des 500 plus grosses fortunes a plus que doublé (de 560 à
1 230 milliards d’euros et de 20 % à plus de 45 % du PIB de la France).
Le comble, dans le déni démocratique réaffirmé de Macron, c’est que ce sinistre personnage part avec les clés du coffre. Auteur du projet de budget 2025 dans la pleine suite des choix au seul profit du grand capital, il a refusé publiquement aux parlementaires le libre l’accès aux lettres plafond qui fixent les crédits dont dispose chaque ministère. Ultime outrage à la Constitution et aux règles républicaines pour ce serviteur zélé des puissances d’argent.
G. Tardenois