Paul Guth nous a quittés

Paul GUTH , vernissage Expo d'Octobre, 2015

Paul vient de nous quitter et ce sont des vers d’Aragon qui résonnent en moi. «Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas”. La Rose et le Réséda.En ces jours d’infamie où le RN montre les dents, il faut s’unir, rassembler le peuple, faire front pour empêcher le fascisme de parader dans nos rues et dans nos vies. « Fou qui fait le délicat, fou qui pense à ces querelles au cœur du commun combat ». Je pense à toi Paul, je pense à nous, écrivant cela..

Paul nous a quittés. Et c’est comme un désastre qui me traverse l’âme. Je le savais très malade. Paul m’a appelé il y a trois semaines pour medire adieu, même si le mot ne fut jamais prononcé ; c’est étrange comme il était calme. Nous avons parlé pour arrêter le temps, pour se rappeler les moments de lutte et de fraternité militante, d’amitié que nous avons vécus avec tant de camarades.
Paul était moine, frère capucin, un moine qui avait choisi de vivre dans le monde ouvrier, à l’usine Viralu. Hervé Jeanmougin est intarissable lorsqu’il parle de son copain d’usine et de combat. La CGT fut un engagement : syndiqué, délégué dans l’entreprise, puis élu à la CE de l’UD. On fait connaissance, premiers débats. On bat le pavé ensemble. Puis Paul est élu au bureau de l’UD et, quelque temps plus tard, je remplace Lucien Prost comme secrétaire général de l’UD. Je propose Paul au poste de secrétaire général adjoint.

Un frère capucin, secrétaire général d’une UD-CGT

À l’UD, il y a une fameuse équipe de militants et il y a surtout près de 7000 syndiqués post soixante-huitards qui ne se paient pas de mots. Et Josette, la secrétaire administrative-militante qui tient bien, elle aussi, le rôle de cheville ouvrière. Oui, fameuse équipe. En 1983, lorsque la confédération m’a proposé au poste de secrétaire du Comité régional Champagne Ardenne, c’est tout naturellement vers Paul que les regards se sont portés pour être secrétaire général de l’UD… Un frère capucin, secrétaire général d’une UD-CGT, voilà qui ferait le buzz aujourd’hui !

Il y aurait tant de choses à dire, tant de souvenirs à évoquer…La campagne des élections prud’homales en 1979 avec l’antédiluvienne camionnette. Puis 1982, la Radio CGT 52 clandestine. L’intervention musclée du SRPJ de Dijon au 8 rue Decrès, l’arrestation des militants, la saisie du matériel et notre passage au tribunal. L‘oeil étonné du juge lorsqu’il a lu le CV de Paul (co-accusé), un moine, études de théologie à l’Université de Strasbourg. On se retenait de rire tous les deux, dans le prétoire.

Des amis pour la vie

Et il faudrait parler de Claude Kossura et d’Annie, des amis pour la vie, de Roger Habert avec qui Paul escaladait les montagnes. Et plus tard, nos discussions à Mulhouse quand je m’y rendais dans le cadre de mes responsabilités syndicales, nos retrouvailles à la fête de l’Huma, au stand du Haut-Rhin ou à celui de la Marne..

Cher Paul, j’ai mis pour illustrer cet hommage une photo de toi lors de notre première exposition d’octobre en 2015 et un fac-similé de la lettre que nous avions cosignée avec Guy Beck et Philippe Marchal pour protester contre la décision de l’UD de supprimer l’Union Locale CGT de Langres. Rien n’énervait plus Paul que de voir des militants, des salariés, des chômeurs, des retraités maltraités, fût-ce par la CGT. Adieu, mon frère…

Richard Vaillant

Secrétaire général de l’UD-CGT (1973-1983)