HOMMAGE à Jean-Claude BLANCHARD

 
Notre ami, notre camarade Jean-Claude Blanchard est parti. Ça fait mal. Nous nous remémorons sa dernière exposition que notre syndicat avait organisée en 2022 aux Carmélites, elle avait rencontré un vif succès. Ses grandes toiles, ses « unes » revisitées, ses carnets de croquis avaient impressionné nombre de visiteurs.
Le souvenir d’un artiste se perpétue à travers son œuvre. Celle de Jean-Claude, puissante, nourrie de ses convictions et de ses amours, toujours en lien avec l’actualité, a été reconnue et valorisée. Citons Pierre Bongiovani de la Maison Laurentine : « Jean-Claude Blanchard est un immense artiste et un fabuleux affichiste d’agit-prop. Il serait vraiment temps de s’en rendre compte. »   
Même s’il restait très attaché à Firminy, c’est en Haute-Marne et à Chaumont que sa vie s’est déroulée et que son talent s’est épanoui pendant plus de cinquante ans.
La ville de Chaumont, qui a fait de l’art graphique sa carte de visite et peut-être, au-delà, des arts visuels, s’honorerait de rendre hommage à cet artiste talentueux, notamment en lui consacrant une exposition de grande ampleur.
C’est un souhait ardent de notre syndicat, partagé par de nombreux Chaumontais, dans le respect des choix de la famille de Jean-Claude.
Louis Laprade

Jean-Blanchard dans son atelier à Meures (198…)

Jean-Claude à revisité plusieurs centaines de Unes de l’Humanité. Elles ont été exposés à la fête de l’Humanité 2000.
Une de l’Humanité de droite. Le 26 juin 2000, le décryptage quasi complet du génome humain a été annoncé lors d’une conférence de presse. Dès le lendemain, tous les principaux médias ont largement commenté cet événement. L’Humanité fait donc sa Une avec le résultat du séquençage.
Elle a été revisitée par Jean-Claude Blanchard. Un personnage poing levé, bouche ouverte d’où sortent trois des quatre bases nucléiques de l’ADN de tout être vivant C, G, T. Jean-Claude a fait don de cette Une au syndicat CGT des retraités de Chaumont.

Portraits

Une carte de vœux

La “carte de vœux” de l’année 2015 du syndicat CGT des retraité·es CGT de Chaumont était une reproduction d’une toile de Jean-Claude Blanchard, exposée dans le cadre de l’exposition réalisée en 2001 “Résolution d’Octobre” aux Subsistances à Chaumont Haute-Marne
Il s’agit d’un hommage à la gouache de Pablo Picasso, peinte en 1922 “Deux femmes courant sur la plage”. Elle était accompagnée du texte suivant.
« La femme tient dans la main une fusée d’alarme que les cheminots utilisent le long des voies pour signaler un danger. Ces fusées firent une belle incursion dans la longue grève de 1995 qui conduisit, on s’en rappelle, à la capitulation d’Alain Juppé et à la dissolution de l’Assemblée nationale.
Là où Picasso inonde ses personnages courant sur le sable de lumière et d’un bleu épais et profond, Jean-Claude Blanchard fragmente son tableau avec des matériaux divers, carton, bois, cailloux et du sable comme pour signifier une rupture de perspective, une distorsion de sens. La femme est nue, elle court dans un paysage indéfinissable, désolé, sombre et gris. Seule la fusée d’alarme éclaire et fait rougeoyer la partie gauche de la toile.
Cette femme en mouvement fascine. Elle se tient près du pavé des rues. S’est-elle penchée pour prendre le relais en ramassant ce symbole de la colère, et de l’action, nous signifier aussi son refus de l’obscurantisme…
Et l’artiste que suggère-t-il. Qu’ici le mouvement est tout autant pictural que social ? Que la révolution sera aussi féministe ou ne sera pas ? Et cette femme qui a remplacé le cheminot que signifie-t-elle pour la CGT ?

La Résolution d’Octobre

En octobre 2002 Jean-Claude Blanchard occupe l’ensemble des salles des Subsistances à Chaumont.

À l’entrée de l’eXposition on peut lire le texte suivant : « Une certaine maîtrise de la peinture, une expérience, une manière forte et personnelle de traiter la couleur et la forme humaine afin que correspondent l’expression picturale et les sentiments perçus par les faits d’actualité et événements dramatiques qui gangrènent le monde.
Ceci sans complaisance envers l’esthétisme et le besoin de faire plaisir à l’œil, mais toucher le cœur en faisant ressentir l’horreur et l’injustice qu’engendre la barbarie organisée.
Portraits qui interrogent, qui se reflètent, femmes qui courent, qui chutent, corps torturés, violents et mutilés.
“Résolution d’octobre” pour que tout s’arrête…Mais c’est une autre histoire. »

Un choc

Robustesse du trait, contraste agressif des couleurs, visages qui se creusent, se tordent et se déforment sous la pression des doigts – crispés, omniprésents – masques de tragédie violentés par le jeu des droites et des courbes d’où naît le mouvement.
Dans ces faces bouffies, livides, tourmentées, parfois désagrégées, des regards qui dénoncent, provoquent et qui trahissent tous les tourments d’une âme…
J’ai eu un choc en découvrant au Donjon de Chaumont les toiles peu banales de Jean-Claude Blanchard !

Jean-Paul Micouleau ORCCA (Office régional culturel Champagne-Ardenne)