Un 1er Mai pour les libertés syndicales, la solidarité et la paix

Intervention de Marie-Rose Patelli, secrétaire du syndicat CGT des retraité·es de Chaumont
Pour ce 1er mai 2024, journée internationale de lutte des travailleurs, on est là, syndicalistes de la CGT retraités, de la FSU, de Solidaires, militants d’associations, de la LDH, de soutien au peuple palestinen, du Secours populaire, amis de l’association au Cœur des mots, camarades de la Rochotte, de la cité Victor Hugo, d’Ashton, gilets jaunes…
Merci à toutes celles et ceux qui ont décidé d’être là aujourd’hui pour partager ce moment festif, convivial, fraternel et en chansons avec Jérémy Bossone accompagné par son frère Benjamin. Une pensée à notre camarade Claude Kossura qui nous a quittés récemment.
Un 1er mai pour dire haut et fort à ce gouvernement de millionnaires qu’on tient bon et qu’ils n’auront pas notre liberté d’association, d’expression, de manifestation, de contestation.
Nous vivons dans un contexte autoritaire, voire totalitaire rarement égalé en France depuis les années 40. Des attaques extrêmement graves et dangereuses contre les droits démocratiques et la liberté d’expression.
Sous l’ère Macron, plus d’une trentaine d’associations ont été interdites, d’autres sont menacées de l’être. Des répressions militarisées, des arrestations de syndicalistes, la police dans les universités, qui tire sur la jeunesse dans les banlieues, la mort de Nahel, la répression sanglante de Sainte-Soline et les militants écologistes devenus des éco-terroristes, des lois qui passent à coup de 49.3…
Des interdictions de manifestations, de meetings politiques se multiplient et se sont accentuées avec les appels au soutien du peuple palestinien afin de faire taire toutes les voix appelant à stopper le génocide. De Mélenchon à Daniel Schneidermann, Rony Brauman, Yanis Varoufakis, celles des associations comme Tsedek, collectif de juifs et juives luttant contre le racisme d’État en France et pour la fin de l’apartheid et de l’occupation en Palestine, l’Union Juive française pour la Paix, France-Palestine.
Des personnalités de l’opposition reçoivent des convocations policières pour «apologie du terrorisme» comme Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée nationale et Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes.
Des responsables syndicaux aussi : comme le secrétaire général de l’UD-CGT du Nord condamné à un an de prison avec sursis pour ce même délit.
En France, 650 personnes sont accusées d’apologie du terrorisme ! À Chaumont, la Préfète a interdit une manifestation pour la Palestine et fait verbaliser les personnes qui s’étaient rendues sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Soulignons le 2 poids 2 mesures du gouvernement dans l’aide aux victimes de guerre : l’accueil à bras ouvert des réfugiés ukrainiens, leur drapeau flottant sur les mairies quand la seule vue d’un drapeau palestinien est réprimée par la police.
Dans la France de 2024 tout soutien à la Palestine est devenu du terrorisme, de l’antisémitisme. Un détournement du sens des mots jusqu’à l’absurde pour faire taire ceux qui s’opposent à l’inhumanité.
À Gaza, depuis 7 mois, les massacres de masse perpétrés par le gouvernement de Netanyahou s’aggravent de jour en jour et créent une situation humanitaire effroyable.
On dénombre à ce jour entre 35 et 50 000 morts dont 70% de femmes et d’enfants, 3 à 4 fois plus de blessés, 2 millions de personnes déplacées.
La Croix Rouge sur place vient d’y être bombardée et un charnier de 400 corps a été découvert près d’un hôpital. La population entière est menacée d’extermination par la famine, le manque d’eau et de soins médicaux du fait du blocage de l’aide humanitaire par Israël.
La punition collective infligée à la population civile de Gaza par le gouvernement d’extrême-droite n’a rien à voir avec le droit de se défendre, elle risque de provoquer un embrasement de toute la région.
Il est urgent de faire respecter les recommandations de la Cour internationale de Justice et de faire appliquer la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération de tous les prisonniers, le déblocage immédiat de l’aide humanitaire et l’arrêt des fournitures d’armes à Israël.
Le président Macron doit y contribuer activement et commencer par reconnaître l’État de Palestine comme l’ont déjà fait 140 pays. Il faut partout agir pour la paix, en Ukraine, à Gaza, dire stop à toutes les guerres. L’impérialisme ne doit pas nous entraîner dans une 3ème guerre destructrice pour l’humanité.
Les déclarations guerrières de Macron sont irresponsables comme celles des Le Pen, Bardella et Zemmour qui apportent leur plein soutien à Israël au nom de la lutte contre l’islamisme. Il faut dire que leur seul programme est de désigner les immigrés comme uniques responsables du chômage, de l’inflation et surtout de ne jamais s’en prendre à leurs amis de la macronie avec qui ils partagent le même programme économique et social, votent quasiment toutes leurs lois, tout en affirmant le contraire dans les médias. La plupart sont déroulent le tapis rouge au RN en invitant ses représentants tous les jours sur leurs plateaux. Il faut bien préserver le pseudo duel entre Macron et le RN pour que rien ne change et écarter toutes les forces démocratiques.
Tandis que des milliards sont dépensés pour les guerres, il ne se passe pas une semaine sans que gouvernement Macron-Attal annonce de nouvelles mesures répressives contre ceux qui à leurs yeux, ne sont rien, c’est à dire nous tous !
Leur violence se matérialise par des lois scélérates comme la loi immigration raciste et xénophobe, la loi Kasbarian-Bergé contre le logement social, les lois Darmanin sur la sécurité et pour une police en roue libre…
Et voilà qu’on nous ressort le vieil épouvantail de la dette. Il faut faire peur, culpabiliser le peuple pour qui on dépense “un pognon de dingue” et nous ponctionner encore des milliards quand des millions de Français n’arrivent déjà plus à se nourrir, se chauffer, se soigner.
Haro sur les allocataires du RSA, les chômeurs, les malades, les salariés, en s’attaquant une nouvelle fois au Code du travail. Haro sur retraités, la sécurité sociale, le statut de la Fonction publique. C’est la chasse aux “riches” locataires des HLM, aux demandeurs d’asile, aux salariés en arrêt de travail, etc. Tandis que l’argent public, notre argent, coule à flots vers les grandes entreprises sous forme d’exonérations de cotisations sociales, des cadeaux fiscaux alimentent les profits des grands groupes du CAC40 qui ont versé près de 100 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2023, l’équivalent de plus d’un mois de salaire pour les 27 millions de salariés français, et que le PDG de Stellantis gagne 100 000 euros par jour.
Les millionnaires n’ont jamais été aussi nombreux en France et c’est nous qui sommes accusés de créer la dette alors que c’est notre argent qui les enrichit.
Mais qu’ils se détrompent, la colère est là, et de plus en plus, la population se mobilise partout en France pour l’augmentation des salaires, pour des droits syndicaux, contre les délocalisations, les fermetures d’entreprises.
En Haute-Marne, pour l’école, contre les fermetures de classes, les suppressions de postes, pour les retraites, le service public, contre le méthaniseur XXL. Bien entendu, les médias des milliardaires passent ces luttes sous silence. Il faut taire la colère sociale ou la réprimer à coups d’intimidations, de violences policières, d’arrestations, de fichage et, dernièrement, de remise en cause du droit de grève. Ils craignent de revoir des millions de personnes dans la rue, comme l’an dernier contre la réforme des retraites.
Face à ces fossoyeurs des Jours Heureux, ces propagateurs de guerre, de haine, d’obscurantisme et de divisions, il faut tenir bon.
Tenir tête c’est ce que nous faisons avec nos moyens au syndicat multipro des retraités de Chaumont. On est là pour défendre nos retraites qui sont dans le collimateur du gouvernement. On est là pour nos services publics, les transports, les hôpitaux publics à Langres et Chaumont, des logements décents, pour tout ce qui concerne notre vie quotidienne. On est là, avec notre journal, tous les samedis, qu’il pleuve, neige ou vente, pour informer combattre la désinformation.
Un journal distribué gratuitement, mais financé par nos cotisations et les dons de nos lecteurs. On était là contre le projet de méthaniseur XXL qui a échoué grâce à la mobilisation citoyenne. Car la lutte unie, ça paie. On est là, avec nos amis et camarades syndicalistes et associatifs tous les samedis à 17h pour la paix à Gaza à l’initiative de la LDH, on est là pour le droit des femmes, le 8 mars et tous les autres jours de l’année…
Le 25 mai, nous serons à Vroncourt chez Louise Michel pour célébrer la Commune de Paris. Bref on est là, malgré le temps qui passe et qui pèse un peu plus chaque année sur nos épaules, nos problèmes de santé, parfois, car on a toujours la rage de combattre la classe qui nous exploite, et pour cela, vous le savez, il faut être encore bien jeunes dans la tête !
Alors je m’adresse à vous tous, « les jeunes », réunis ici ce 1er mai, cher·es ami·es et camarades, je vous invite à nous rejoindre si vous ne l’avez pas encore fait, chacun selon ses sensibilités, ses disponibilités, parce que c’est tous ensemble qu’on peut reprendre le pouvoir pour imposer la paix, la liberté, la justice sociale, la transition écologique.
N’oublions pas, comme le dit Edgar Morin « Le pire n’est pas exclu, mais le meilleur reste possible ».