10è retrouvailles des retraité-es de la CGT (qui ont tenu bon même pendant le Covid et ses interdictions). 10è paella, 10è belles émotions !
Passées les affres de la préparation, les courses à faire, les inscriptions à réaliser, le matériel à rassembler, la récompense est là. La salle des fêtes de Brottes a pris les couleurs de la lutte, le rouge domine, les copines de Langres ont fleuri les tables, même le muguet s’invite. Les quatre compères devenus experts en paella, pas question d’en changer, entament leur ballet autour des plats imposants. Les desserts maison, les fromages venus de Saulxures sont découpés. Le bar est garni. Les techniciens s’affairent. Jérémie et Benjamin Bossone arrivent. On sent alors que l’énergie est là, dès les premiers réglages. Dernières vérifications, chacun a une place, personne n’est oublié ?
Et puis, progressivement, la salle se remplit des camarades, des amis, des associations complices que la lutte soude, des visages nouveaux aussi. Les étreintes sont généreuses et la bise fraternelle. Le plaisir de se revoir est flagrant. Certains manquent à l’appel, on ne les oublie pas.
Pourquoi est-on venu, au fait ? Les mêmes mots s’entrechoquent : la fête des travailleurs – travailleuses, le rassemblement chaleureux, une communion et des échanges, manger ensemble autour d’un bon spectacle, et bien d’autres raisons encore qui ont du mal à s’exprimer, comme si c’était une évidence, dire qu’on est là pour s’indigner, ne pas subir, résister, pour toutes les raisons que Mimi évoque dans une intervention dynamique.
Et puis le concert, à la fois une vraie madeleine de Proust et un bain de jouvence qui nous rappelle que, pour beaucoup, nous sommes la génération du rock, les oreilles un peu plus fragiles, et des textes et des chansons qui chantent la révolution. De sa voix puissante, pas vraiment cassée, en harmonie avec son frère, son énergie contagieuse, Jérémie Bossone nous offre ses « chansons en rouge » qui « prennent la route parce qu’elles ne passent pas à la télé ». Leur actualité est troublante et son Potemkine merveilleux. Comment ne pas entendre dans l’évocation du déplacement des tribus cherokees et « la piste des larmes » creusée par les pleurs des femmes indiennes, la souffrance du peuple palestinien accablé par l’inhumanité israélienne.
Avec ses Playmobil, il nous invite à ne pas perdre notre enfance ; « les années passent, mais on en gagne plein d’autres ». Alors, à l’année prochaine !
Louis Laprade
Photos de David Jacquel