À Bure, les agriculteurs face aux expropriations

Vont-ils s’opposer à la procédure d’expropriation que vient de lancer l’Andra pour implanter son projet de poubelle nucléaire ? Rencontre avec trois familles d’agriculteurs meusiennes qui s’inquiètent du devenir de leurs terres.
Mandres-en-Barrois et Bure (Meuse), reportage
« Si je me faisais exproprier, je perdrais bien plus que 12 hectares. Je me retrouverais avec de tout petits bouts de parcelles morcelés ici ou là… Qu’est-ce que vous voulez que j’en tire ? » Geoffray Lafrogne tente de contenir la grimace que lui inflige le soleil. Un soleil à peine levé dont les rayons, en ces premiers jours de printemps, inondent déjà les champs entourant sa ferme, à Mandres-en-Barrois, en Meuse. Une longue journée l’attend, mais le céréalier et éleveur de vaches allaitantes est déjà d’attaque. Remonté, même, depuis que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (l’Andra) lui demande de céder 12 de ses 80 hectares.
« C’est une bonne terre limoneuse bien productive, en plus, regrette le paysan en enfourchant son tracteur. Je vois bien les rendements que je produis depuis que je l’ai : 9 tonnes de blé à l’hectare les bonnes années ! » Son champ de blé se trouve en plein sur le tracé de la liaison intersite, une vaste infrastructure routière, longue de 5 kilomètres, qui est censé relier à l’avenir les deux principales installations de surface de Cigéo. Ce mégaprojet d’enfouissement des déchets nucléaires, l’Andra tente de l’imposer depuis vingt-cinq ans aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne. Mais il lui manque encore 106 des 665 hectares de terrains en surface lui permettant de lancer la « phase pilote ».

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