Kanaky, la déportation de sept indépendantistes ravive la révolte

La décision de la justice de conduire dans l’Hexagone sept des onze militants politiques interpellés la semaine dernière est inédite depuis 1988. Désormais, les révoltes concernent l’ensemble de l’archipel.

C’est une pratique que la Kanaky – Nouvelle-Calédonie n’avait plus connue depuis les « événements » des années 1980 : le transfert de détenus indépendantistes dans les prisons de métropole. En prenant une telle décision, le juge des libertés, en lien avec le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas, signe un acte colonial d’un autre temps : le dernier cas similaire remonte à l’époque de la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa, en 1988. « Une déportation politique ! » dénonce l’Union calédonienne, l’une des principales composantes du FLNKS, dont sont membres la plupart des militants arrêtés.

Sur les onze personnes interpellées et mises en examen, sept ont donc été déférées en métropole dans un avion spécialement affrété dans la nuit de samedi à dimanche, et disséminées dans plusieurs prisons. À commencer par Christian Bichou Tein, commissaire général de la CCAT et deux femmes ayant des enfants en bas âge.

Des actions pacifiques, avec de grandes manifestations – jusqu’à 60 000 personnes en avril dernier – avaient été menées, avant l’embrasement dès le 14 mai en raison du vote de ce projet contesté par l’Assemblée nationale. « Les responsables de la CCAT ne sont en rien des commanditaires d’exactions mais aujourd’hui des martyrs de la justice coloniale. Tout ce qu’ils ont fait est d’organiser depuis plus de six mois les manifestations pacifiques contre le dégel du corps électoral », déclare l’Union calédonienne. (l’Humanité)

Jean-Marie Tjibaou , assassiné le 4 mai 1989 à Ouvéa,