Déserts médicaux : Ils se moquent de nous !

Suite au Pacte de lutte contre les déserts médicaux annoncé par le Premier ministre le 25 avril, nouveau balbutiement d’une politique de santé qui a saccagé l’organisation sanitaire en France depuis vingt ans, le ministre de la Santé a présenté la cartographie des zones prioritaires sur lesquelles sera mise en place la mesure de solidarité nationale. Elle permettrait à tous les médecins généralistes volontaires de venir renforcer, sur une partie de leur temps, l’offre de soins dans des zones prioritaires. Nous apprenons ainsi que la Haute-Marne présente deux zones rouges de désertifications : communauté d’Agglo du Grand Saint-Dizier-Der et la Communauté de communes des Savoir-Faire.

Alors que 87% du territoire est sous-doté en professionnels de santé.

C’est se foutre de nous alors que l’on sait que 87% du territoire est sous-doté en professionnels de santé. Le vécu quotidien des Haut- Marnais est une galère pour se soigner, chacun peut en témoigner. Ce pacte répondrait à l’urgence, mais il illustre les méandres de la réflexion des gouvernements depuis des années. La notion de zone déficitaire apparaît dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale de 1999 qui souligne les déficits en matière de soin. En 2003, un rapport propose une cartographie de zones prioritaires. En 2004, les travaux de l’Observatoire de la démographie des professions de santé caractérisent les cantons les moins bien dotés. De 2005 à 2011, les critères changent pour définir cette fois des zones déficitaires puis, de 2011 à 2017, des zones régionales. Enfin, de 2017 à 2022, on définit des « territoires de vie » avec encore de nouveaux critères. Et aujourd’hui, nous avons les zones rouges ! On nous a toujours sorti la cartographie et le zonage pour masquer l’inertie et la casse du système.

Du Bayrou tout craché

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Familles présente ce pacte comme un mécanisme de solidarité territoriale, l’accès au soin ne peut plus dépendre uniquement de la bonne volonté ou du sacrifice de quelque uns, l’engagement des médecins est la clé de la transformation. L’amélioration du système de soin va donc dépendre, dans des endroits plus déserts que les autres déserts, de médecins héroïques, prêts à abandonner leurs patients deux jours par semaine, en mission volontaire de solidarité obligatoire rémunérée ! C’est du Bayrou tout craché. Si celui-ci persiste dans le refus de solutions reposant sur la contrainte d’installation afin de rassurer le Conseil de l’Ordre, il modère ainsi ses propos, « si ce plan d’urgence immédiat ne fonctionne pas, nous savons bien qu’au bout du compte, le jour viendra ou les principes de ce système basé sur le choix libre des médecins, devront changer ». Pourquoi attendre ?

Louis Laprade