En dépit des cravates et d’une apparente retenue à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national n’est pas plus présentable qu’avant. Dans son état profond il est toujours fasciste, raciste et forcément violent. Il suffit d’observer nombre de ses militants de base pour le constater aisément.
Et voici que la semaine dernière le masque de ses dirigeants est tombé.
Condamnée pour avoir orchestré le plus gros détournement de fonds publics jamais commis par un parti politique en France, Marine Le Pen a immédiatement retrouvé les mots de son père. Et puis un peu aussi ceux des autocrates qui la soutiennent dans le monde… bref de tous les ennemis de la démocratie.
Les invectives et les menaces ont fusé. Sur internet, la «fachosphère» a directement ciblé la vie des juges qui ont condamné les grands délinquants du RN. Enfin, un inquiétant rassemblement (façon Capitole ?) a été décidé…
Puis la justice s’est montrée incroyablement conciliante. Marine Le Pen, qui avait fait traîner son procès durant de très nombreuses années (refusant même de se rendre aux convocations des juges), a obtenu le privilège d’un passage express en appel. Un an avant la présidentielle !..
Aussitôt, elle a remis le masque de la respectabilité. Au meeting, même si, pour ne pas trop se contredire, elle a continué à s’en prendre aux juges (mais pas tous, a précisé Bardella), elle s’est quasiment déclarée non-violente. Ainsi elle est allée jusqu’à se comparer à Martin Luther King luttant pacifiquement pour les droits civiques des Noirs américains. Venant d’un parti d’extrême droite, dans lequel une immense majorité se reconnaît raciste, il fallait quand même oser !..
Retour donc à la stratégie de dédiabolisation jusqu’au nouveau procès.
Ne soyons pas dupes ! Dans la foulée de Trump et de tant d’autres, Marine Le Pen fait partie de ces politicien(ne)s qui prétendent qu’il suffit d’obtenir 50 % des suffrages exprimés, plus une voix, pour gouverner comme on l’entend ; au nom d’un soi- disant peuple souverain, évidemment. Tout le monde – à commencer par les juges – n’a plus alors qu’à se soumettre. C’est ainsi qu’on a vu tant de dictatures arriver par les urnes.
En réalité, la vraie démocratie a besoin de contre- pouvoirs forts pour contrer les éventuelles dérives des dirigeants. Le RN ne fait pas exception. S’il arrive au pouvoir, il n’aura de cesse d’anéantir ces contre-pouvoirs. À la manière de Musk, sa base fasciste s’y emploiera.
Alors, comme on a pu le constater tant de fois et comme on le verra avec Trump, tous les moyens seront bons pour rester au pouvoir.
La démocratie est fragile. Ses ennemis sont prêts.
Lionel Thomassin