Par 155 voix contre 85, donc avec une majorité confortable, en rétablissant l’article 1 sur l’autorisation d’installation des médecins, supprimé par le RN en commission (rapporteur Bentz), l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi visant à lutter contre les déserts médicaux. Les attendus sont très clairs et rejoignent les analyses des organisations et syndicats qui alertent depuis plusieurs années sur l’évolution catastrophique de l’organisation sanitaire.
8 à 9 millions de Français vivent dans un désert médical, toutes spécialités confondues. L’effort en formations est insuffisant, n’aura des effets que dans 10 ans et la désertification s’étend. Les initiatives des collectivités territoriales s’avèrent insuffisantes et surtout globalement inefficaces, les outils incitatifs ne suffisent plus pour enrayer ce processus.
Ainsi la loi aborde enfin, dans son article 1, la création d’une autorisation d’installation des médecins, déclinée par l’ARS. Pour une demande dans des régions sous-dotées, elle serait accordée de droit, pour les autres demandes, uniquement en cas de départ d’un praticien de la même spécialité, après consultation du Conseil de l’Ordre. Ce cadre d’aménagement du principe de liberté d’installation, qui continue à prévaloir, répond à une situation d’urgence.
L’adoption de cette loi en première lecture est une première avancée concernant la sacro-sainte liberté d’installation des médecins. Jusque-là le sujet était tabou, sa seule évocation balayée par l’extrême droite, la droite, des syndicats corporatistes de médecins, le Conseil de l’Ordre. Cependant, le chemin est encore long pour une adoption définitive. Le passage devant le Sénat, réactionnaire et conservateur, va être une épreuve, d’autant que le ministre chargé de la Santé, Yannick WEUDER, a déclaré ne pas la soutenir, reprenant les mêmes arguments que l’extrême droite. Nous verrons si nos sénateurs, Bruno Sido et Anne-Marie Nédélec sont pour un grand service public de la Santé, équitable et égalitaire.
C’est au prix d’un long combat que cette porte s’entrouvre. Nous y avons pris, dès le début, toute notre place. Rappelons les pétitions à l’hôpital, avec les syndicats hospitaliers, aux portes des
grandes surfaces, sur le marché, recevant
l’approbation de centaines de Haut-Marnais. Relisons nos nombreux articles sur le sujet, supports indispensables de débats avec la population. C’est un début de victoire collective, mais la vigilance est de mise tant cette loi est fragile. Elle pourrait bousculer toute une idéologie de classe. Notre santé, celle de nos enfants et petits-enfants est bien trop précieuse pour que nous lâchions maintenant.
Louis Laprade
Bentz a tout faux !
Toujours généreusement soutenu par le Jhm, (article du 3.04), le député Bentz a pu à nouveau marquer son hostilité à toutes initiatives permettant de lutter contre les déserts médicaux, lors de la commission
« transpartisane » chargée de l’examen de la proposition de loi. En prenant cette position, il condamne des centaines de patients haut-marnais, en milieu rural mais aussi urbain, à ne pas trouver de médecin, à attendre des rendez-vous pendant des semaines. Bien sûr, lui a son bon médecin à Saint-Germain-en-Laye. Il déballe inlassablement la même litanie,
« coercition », « fausse bonne idée » au sujet de l’autorisation d’installation des médecins, seule mesure efficace pour lutter contre les déserts médicaux. Il craint la perte de « vocation » (l’appel de Dieu ?) pour le métier de médecin !
Désolés, nous ne pouvons pas laisser entre les mains d’un quelconque dieu le présent et l’avenir de notre système de santé, ni d’ailleurs entre les mains de Bentz.
L.P.