Egalité-Santé, relayée dans les différentes collectivités par le Rassemblement national, se bat pour la création, à Rolampont, d’un hôpital unique Chaumont-Langres. C’est ce qu’en petit comité, elle prône comme étant la meilleure solution pour les secteurs de santé centre et sud de la Haute-Marne. Mais son discours change en fonction des publics visés.
Quand elle organise des manifestations, elle ment carrément en occultant Rolampont et en prétendant défendre les hôpitaux locaux. À cet égard, le tract qui a été distribué récemment à Chaumont est proprement scandaleux.
Dans ses réunions publiques cependant, elle tient une position bien plus proche de ses véritables souhaits. Elle propose de supprimer l’hôpital de Langres pour le reconstruire à Rolampont en y intégrant le plateau technique et chirurgical de Chaumont.
Ce qui est inacceptable à Langres serait bon pour Chaumont ?
Egalité-Santé prétend être en complet désaccord avec l’Agence régionale de santé. Mais les deux projets sont, sur le principe assez proches. En effet, l’ARS regroupe elle aussi les deux plateaux techniques et chirurgicaux, mais elle les place à Chaumont. Ce faisant, elle reconstruit l’hôpital de Langres à Langres, sans son plateau technique, mais avec les urgences.
Egalité santé crie au scandale estimant (probablement à juste titre) que des urgences sans plateau technique ne pourront pas être viables.
C’est pourtant ce qu’elle propose sans sourciller pour Chaumont. Son projet consiste bien à laisser les urgences à Chaumont tout en supprimant le plateau technique du Centre hospitalier pour l’envoyer à Rolampont.
Officiellement donc, les médecins de Langres veulent faire à Chaumont ce qu’ils jugent inacceptable pour Langres. Ça ne tient pas debout. Et c’est pourquoi, quand ils doivent discuter sérieusement, tout en se cramponnant au projet de Rolampont, ils ne voient pas d’autre solution que de proposer un hôpital unique entre Langres et Chaumont. Puis, de concert avec le RN, ils tentent d’amener leurs interlocuteurs à envisager Rolampont à cause de l’incroyable avantage que conférerait l’autoroute.
Là, il faut bien dire qu’ils sont dans un complet délire. Rappelons leur donc quelques bonnes réalités.
L’hôpital de Chaumont est deux fois plus important que celui de Langres
En patients et en personnel, l’hôpital de Chaumont est deux fois plus important que celui de Langres. Aujourd’hui, plus qu’hier encore, il est inenvisageable de déplacer le plus grand nombre sur la plus grande distance.
L’avantage de la sortie d’autoroute, qui permettrait chaque jour à un ou deux chirurgiens dijonnais de gagner un peu de temps, n’est pas comparable avec le déplacement de centaines, voire un millier, de personnes quotidiennement. 50 km d’un côté contre 50 000 de l’autre, ce n’est pas sérieux.
L’ARS, qui représente l’Etat, ne peut pas raisonner autrement. Et si on la conforte dans l’idée d’un regroupement (comme le font objectivement Egalité Santé et le RN), c’est forcément du côté du plus grand nombre qu’elle devra opérer le rassemblement.
Le syndicat des retraités CGT de Chaumont, qui a constamment défendu les hôpitaux de proximité, a toujours été contre des projets de regroupements ; lesquels ne visent qu’à réaliser des économies en affaiblissant le service de santé.
L’ineptie des théories Egalité santé – RN se démontre d’ailleurs assez facilement.
Rolampont sonnerait la faillite de l’offre hospitalière locale et mettrait la sécurité des habitants hors de toutes limites acceptables
Si le Centre hospitalier de Chaumont est deux fois plus important que celui de Langres, c’est bien sûr parce que la population du chef lieu du département est plus grande. Mais il ne faut jamais oublier que l’hôpital de Saint-Dizier se situe à 75 km de Chaumont. De fait, une bonne partie des patients des établissements chaumontais vient du nord du département. On vient même de Joinville se faire soigner ici. Il est bien évident que toutes ces personnes n’iront jamais à Rolampont.
De fait, un hôpital commun, en pleine nature, remplaçant Langres et Chaumont, ne sera jamais plus gros, ni plus attractif que celui de Chaumont actuellement. Et il sera appelé à péricliter beaucoup plus vite que ne le feraient les structures actuelles.
À terme, c’est l’assurance de voir disparaître tout équipement hospitalier digne de ce nom dans les centre et sud du département. Argument qui avait déjà eu son poids en 2008. Sans compter qu’entre temps, la sécurité des habitants aura été fortement dégradée. Le vieux projet recyclé aujourd’hui par Egalité santé et le RN se heurte toujours au problème qui avait principalement justifié son abandon : il éloigne systématiquement des urgences la très grande majorité de la population, parfois très dangereusement. En dehors en tout cas, de toutes limites acceptables !
La supercherie d’Egalité santé consiste à présenter des cartes fausses et sanglantes pour dénoncer le projet de l’ARS alors que sa proposition rolampontesque serait autrement plus catastrophique.
Rappelons-le encore : seuls les hôpitaux de proximité, installés dans les différentes villes, peuvent répondre aux besoins primordiaux des populations. Pour peu bien sûr, que l’Etat daigne tenir son rôle. Or, on ne peut malheureusement pas compter sur les idéologues d’Egalité santé et du RN pour le lui rappeler.
Lionel Thomassin