Monseigneur, un peu d’humanité,

Suite à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, en mars dernier, l’évêque de Langres propose aux personnes intéressées de venir échanger le mardi 24 septembre, au cours d’une table-ronde intitulée «Interruption volontaire de grossesse, parlons-en librement».

Le journal L’Affranchi rappelle fort à propos que Mgr Joseph de Metz- Noblat, évêque de Langres, avait posté sur internet en mars dernier une vidéo dans laquelle il assimilait le droit à l’avortement à la «liberté de tuer» …

Il est donc permis de penser que le représentant de l’Eglise n’est pas des mieux placés pour parler « librement » de l’IVG, ou de la sexualité.

Incapable de tenir un discours audible en matière de contraception, minée par une série vertigineuse de scandales sexuels, l’Église serait mieux inspirée de s’interroger d’abord sur elle-même. Les enquêtes montrent d’ailleurs que la plupart des catholiques, même fervents, considèrent que l’Eglise n’a pas à mettre son nez dans le lit conjugal.

A. Fellner

Le lundi 4 mars 2024, le Congrès réuni à Versailles a dit oui à l’inscription de l’IVG dans la Constitution française par 780 pour et 72 contre (dont 3 des 4 parlementaires haut-marnais et, parmi ces derniers, les deux députés RN)

La France est devenue ainsi le premier pays au monde inscrivant ce droit dans sa Constitution pour en garantir la pérennité.

Un peu d’Histoire et quelques faits . 

Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée. Dans un hémicycle, où ne siègent que 9 femmes sur 490 députés, elle déclare: « Nous ne pouvons fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours.» 

Selon la gynécologue Joëlle Brunerie-Kauffmann, avant le vote de la loi Veil, dans les années soixante-dix, une femme mourait chaque jour des suites d’un avortement clandestin. D’autres, plus nombreuses encore,  en réchappaient mutilées, stériles. Les femmes qui avaient les moyens partaient à l’étranger.   

Dans le monde aujourd’hui, selon l’Organisation mondiale de la santé, entre 39 000 et 47 000 femmes décèdent chaque année des suites d’une IVG non médicalisée. 

Comment ne pas évoquer aussi le cas, en 2009,  de cette jeune brésilienne de 11 ans violée par son beau-père, enceinte de jumeaux et excommuniée ( comme sa mère et les médecins qui avaient pratiqué  l’IVG) par l’Archevêque de Récife?

Et que dire de la position récente du Pape François renvoyant dos à dos le fasciste Trump et la candidate Kamala Harris au prétexte que celle ci s’engage pour la préservation du droit à l’IVG remis en cause aux Etats Unis ?

En France en février 2024  l’émission « En quête d’esprit », diffusée sur CNews en partenariat avec France Catholique,  assimilait  l’IVG à la première cause de mortalité dans le monde » avec « 73 millions de morts en 2022, soit 52 % des décès »!

Voila pourquoi nous devons nous féliciter qu’à Versailles ce lundi 4 mars 2024,  le Congrès ait dit oui à l’inscription de l’IVG dans la Constitution Française.