Le projet de méga-méthaniseur à Choignes est porté par un groupe de 13 agriculteurs et, à hauteur de 49%, par la société danoise Nature Energy, filiale de Shell.

La rentabilisation de ce projet industriel se fait par l’intermédiaire d’un dispositif initialement conçu pour permettre le développement d’énergies vertes : le biométhane est produit localement à partir de résidus agricoles, d’effluents d’élevage et de déchets des territoires. L’Etat garantit, par l’intermédiaire de GRDF, le rachat du biométhane à un tarif trois à quatre fois plus élevé que celui du gaz naturel.

Avec ce projet, il s’agit d’un détournement du dispositif car le super méthaniseur sera alimenté par des cultures intermédiaires à vocation énergétique (sur 6 000 hectares), spécifiquement destinées à la production du gaz. Le contribuable paiera ainsi un soutien financier public qui bénéficiera à 49% aux actionnaires de Shell.

Outre les aspects financier et écologique, il faut aussi relever l’aspect antidémocratique de cette opération menée dans l’opacité la plus complète. C’est début 2020 qu’est créée la Société NECC (Nature Energy Choignes Chamarandes. Son objet : construire à la sortie de Chaumont un des plus grands méthaniseurs de France. Mais ce n’est que quatre ans plus tard, en mars 2024, alors que le projet est bouclé sur le plan technique, que les élus locaux et la population apprennent son existence et découvrent avec stupéfaction, et parfois colère, son gigantisme. On leur laissera un mois pour analyser le dossier et donner leur avis.

Le mépris

L’absence de concertation est une constante de l’aménagement du territoire. Depuis trente ans, les Haut-Marnais en font l’amère expérience avec l’implantation du projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires. L’opposition de la population est ignorée voire criminalisée.

La Haute-Marne subit, de la même façon, sans réelle consultation des populations, l’implantation incontrôlée et extensive des éoliennes au gré des intérêts privés et de la complaisance de certains élus.

Cela s’appelle le mépris.

A. Fellner

Dans notre prochain journal, nous rendrons compte de la réunion d’information qui s’est tenue, jeudi 28 mars à l’initiative du Collectif Stop Méthaniseur. Le collectif a publié un quatre pages pour expliquer dans le détail les différents problèmes que pose ce méga-méthaniseur et donner des indications pratiques pour que chaque citoyen puisse participer à l’enquête publique.

Journal des retraités N°383

DERNIÈRE MINUTE : réuni mercredi 27 mars, le Conseil Municipal de Chaumont a émis un vote défavorable au projet de construction d’un méthaniseur à Choignes, notamment en raison de l’absence de réponse aux questions concernant le trafic routier et l’impact paysager.