L’Agglo découvrirait les méfaits du privé ?

L’école privée sous contrat vit en France de financements publics à hauteur d’au moins 75 % de ses budgets ; un peu plus de 50 % provenant de l’Etat et le reste des collectivités territoriales.

Ici, pour les écoles maternelles et élémentaires, c’est l’Agglo qui s’y colle. Elle doit une contribution pour chaque enfant de son territoire scolarisé dans l’école privée. C’est ce que le président Martinelli appelle la double peine. Non seulement les élèves qui partent vers le privé accélèrent la fermeture de classes dans l’enseignement public, mais il faut en plus payer pour eux.

Pour chaque enfant inscrit dans le privé, la collectivité doit verser une somme correspondant à ce que lui coûte en fonctionnement chaque élève du public. Et c’est la deuxième aberration soulignée par l’Agglo : plus elle cherche à améliorer les conditions des élèves de ses écoles communales, plus elle doit donner à l’école dite «libre».

«Principe d’égalité», disent les tenants de l’enseignement privé. Sauf que, comme on l’a vu pour Stanislas à Paris, le respect des valeurs de la République n’est pas forcément assuré dans leurs établissements.

Enfin, Stéphane Martinelli pointe l’argument irréfutable de la mixité sociale. Les chiffres montrent que les écoles privées accueillent en surabondance les enfants de familles aisées tandis que les défavorisés y sont très sous-représentés.

Le président de l’Agglo a cent fois raison. Mais que fait-il d’autre quand il confie à un privé, la gestion de la partie aquatique de Palestra (équipement durement payé par la collectivité) ? Cela a bien pour effet de faire flamber les prix et d’écarter une partie de la population défavorisée ; laquelle fréquentait les anciennes piscines.

Beaucoup de nos élus sont schizophrènes. En France, toutes activités confondues, le privé bénéficie plus ou moins d’aides publiques. Et la plupart des grandes fortunes se sont bâties sur des infrastructures publiques et de l’argent des contribuables. Bolloré, le plus acharné de nos libéraux, ennemis de l’Etat, en est le plus bel exemple.

Ceux qui sont élus pour gérer la sphère publique agissent trop souvent pour des intérêts contraires.

On aimerait croire que cette charge du président de l’Agglo contre l’école privée aura valeur de prise de conscience globale. Mais ne rêvons pas !… 

Lionel Thomassin