Chaumont-Palestra : le renversement des valeurs

À l’Agglo de Chaumont, on préfère le privé au bien commun !

Pour la gestion de son futur complexe aquatique, l’Agglo a choisi la formule DSP (délégation de service public) qui, tout en rémunérant moins le personnel, coûtera plus cher à la collectivité. La majorité des élus communautaires a décidé en effet de confier à un privé cet équipement dont la construction est payée par l‘argent public.

Comme nous l’apprend L’Affranchi cette semaine, cette formule n’est pas la plus avantageuse d’un point de vue économique. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée par un cabinet privé mandaté par l’Agglo. Elle a été présentée en séance privée le 30 septembre dernier. Mais, lorsqu’il s’est agi de voter en séance publique le 22 octobre, la question des coûts n’a même pas été évoquée.

La majorité des élus a surtout voulu retenir que si l’Agglo voulait gérer elle-même (en régie), elle allait peut-être supporter des responsabilités supplémentaires. Des dérives seraient même à craindre si les objectifs initiaux n‘étaient pas atteints. En fait, nos représentants ont naïvement voulu croire que si un privé se plantait, il en assumerait tout seul les conséquences…

À l’heure du vote, la délibération a tout de même rencontré 16 oppositions et 10 abstentions. Ces voix discordantes minoritaires émanaient principalement des représentants de la ville de Chaumont.

Il faut dire aussi que la ville verse ad vitam aeternam un million d’euros chaque année pour combler le déficit de ses piscines. Sachant que le coût de fonctionnement de Palestra est estimé à environ 1,4 million et qu’on peut compter sur des recettes dépassant 400 000 euros, les autres communes, voyant l’équilibre assuré, se moquent bien du reste.

Christine Guillemy, maire de Chaumont, interroge pourtant sur le devenir des actuels employés des piscines. S’ils acceptent d’être repris par le privé, elle entend qu’ils ne perdent pas un centime. Et s’ils doivent être reclassés ailleurs, elle refuse de payer deux fois (un salaire compris dans le million des piscines et un autre sur le nouveau poste).

En réunions de Comité technique, les représentants du personnel ont aussi donné un avis clair. Un syndicat s’est abstenu, les 3 autres ont voté contre la DSP. Pourtant, le président de l’Agglo Stéphane Martinelli a affirmé qu’à cette occasion, il n’a pas senti d’opposition marquée. Que lui faut-il ?

Une question se pose également pour les associations locales. Non seulement le privé va leur proposer les créneaux les moins intéressants, mais il va réclamer un dédommagement. Qui va payer ? Et c’est la même chose pour les institutions (pompiers, école de gendarmerie, 61e RA…) qui, dans le cadre de conventions visant à améliorer l’attraction du territoire, avaient droit jusqu’ici à des créneaux gratuits.

Les plus optimistes prétendent que tout sera prévu dans le cahier des charges imposé au privé. Mais, comme l’a rappelé Alexandre Pernet, de l’opposition chaumontaise, la collectivité, pressée par le temps et la crise Covid, ne sera pas en position de force pour négocier.

Finalement, Christine Guillemy a choisi l’abstention, précisant qu’elle attendait de voir et qu’elle n’était pas opposée par idéologie à la DSP.

Quel curieux renversement tout de même qui voudrait que les défenseurs des intérêts de la population soient les idéologues ! 

De même, que faut-il penser de ces représentants du peuple qui, tout en se faisant payer, comme nous le rappelions la semaine dernière, refilent les responsabilités au privé ? 

ELTÉ