Ces personnes âgées avaient-elles encore quelques années à vivre, quelques jours ? Nul ne le saura. Le Covid-19 a durement frappé cette partie de notre population dont il a été dit, trop de fois et trop vite, que le grand âge et la fragilité étaient à l’origine du taux excessivement élevé de mortalité.
Pressés d’apporter une explication à la disparition brutale de toutes ces vieilles gens, des esprits malveillants n’ont pas hésité à invoquer une situation « normale » que nous devrions accepter sans broncher : les plus faibles doivent « naturellement » partir les premiers. Il n’a été fait mention, nulle part, de la liste des nombreux autres facteurs qui usent plus rapidement les corps et dégradent leur état de santé. Ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, la tuberculose a tué, en 2017, quelque 1,7 million d’individus dans le monde et elle a touché et touche bien plus celles et ceux qui vivent dans des conditions déplorables. En France, les « SDF » paient le tribut le plus lourd : pas de visites chez le médecin, pas de prévention, pas de soins. Voilà un terrain propice à l’emprise d’une bactérie, d’un bacille et de tous autres virus.
Il y aura des comptes à rendre, se dit-il un peu partout avec colère. Que s’est-il exactement passé dans certains EHPAD devenus de véritables mouroirs ? Qu’en est-il de ces lieux où le manque de moyens a empêché la prise en charge immédiate des malades ? Qu’en est-il de la réalité des situations quand des milliers de décès sont constatés à domicile ? Que cachent les simagrées d’un ministre de la Santé qui, un jour, affirme que les masques ne sont pas indispensables quand il est décrié dès le lendemain par ses pairs ? Il y aura nécessité de faire la clarté sur les trop nombreuses défaillances et les raisons qui ont poussé le pouvoir à mentir.
Victor Hugo écrivait dans sa Légende des siècles : « On voit de la flamme aux yeux des jeunes gens. Mais, dans l’œil du vieillard, on voit de la lumière ».
Le pays dénombre aujourd’hui près de 38 000 morts (hôpitaux, EHPAD et décès à domicile compris). Autant de lumières, autant d’êtres chers qui ont été dramatiquement éteints.