Colère paysanne

La crise agricole déclenchée par l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) illustre l’impasse de la démarche productiviste et souligne les contradictions internes du monde agricole.

Selon le gouvernement, l’abattage systématique de l’ensemble d’un troupeau dès qu’un cas y est détecté « n’est pas une décision politique », mais « une décision sanitaire ». Or une étude menée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime que, lorsque la vaccination est appliquée, la probabilité d’éradiquer l’infection est la même, que l’abattage soit total ou partiel. Le choix de l’abattage total est donc bien une décision politique et oppose très clairement deux camps.

Dans l’un, on retrouve la vieille alliance entre le ministère et le tout puissant syndicat agricole FNSEA. Sa priorité absolue est la préservation d’un modèle d’agrobusiness tourné vers l’export que la perte du statut « indemne » de la France pourrait mettre à mal.

Dans l’autre, les paysans, les éleveurs dont les revenus en berne constituent la préoccupation majeure, déjà au cœur de la mobilisation de 2024. Ils sont représentés par la Confédération paysanne et la Coordination rurale, deux syndicats que tout paraît opposer.

.

Une population divisée par quatre

Contrairement à ceux de la Coordination rurale, les membres de la Confédération paysanne ont parfaitement conscience de l’impasse de la politique productiviste menée depuis des décennies par l’alliance FNSEA – Ministère de l’Agriculture. Cette politique a divisé par quatre la population des agriculteurs exploitants en quarante ans. Aucun autre secteur économique n’a connu une régression d’emplois aussi massive, directement liée à la hausse de la productivité issue de la mécanisation, de l’emploi massif des engrais de synthèse et au final à la concentration des terres au sein de quelques grandes fermes.

Face à la colère qui lui échappe, la ministre de l’Agriculture a indiqué ce lundi que « la discussion est ouverte » sur une éventuelle suspension de l’abattage total systématique….

Mais le gouvernement n’en a pas fini avec la colère paysanne : jeudi 18 décembre, le Conseil européen pourrait voter en faveur de l’accord UE-Mercosur !

A. Fellner