Vaincre la pauvreté

Le Secours catholique vient de publier son rapport annuel sur l’état de la pauvreté dans notre pays. C’est en 1995 que l’association a décidé, dans un rapport annuel, d’objectiver de façon systématique les formes de la pauvreté et d’interpeller les pouvoirs publics pour tenter de lutter contre les causes du phénomène.

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En 1994, la lutte contre la pauvreté était élue « grande cause nationale », une mobilisation couronnée par une grande loi de lutte contre l’exclusion en 1998. En trente ans, si le nombre de ménages rencontrés par le Secours catholique est resté relativement stable, beaucoup de choses ont changé. Ainsi, c’est dans une quasi-indifférence que l’Insee a révélé, en juillet 2025, le sommet atteint par le taux de pauvreté en France : 15,4 % en 2023, soit 9,8 millions de personnes (+ 650 000 personnes en un an, une hausse inédite depuis 30 ans).

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Les pauvres de plus en plus pauvres

En 2024, le niveau de vie médian des ménages accueillis au Secours catholique est de 565 euros. En prenant en compte l’inflation, c’est un peu mieux qu’en 1994 (environ 507 euros), mais en forte baisse depuis dix ans (658 euros en 2014). Par contraste, entre 2003 et 2022, le revenu moyen des 0,1 % les plus riches en France progressait de 119 %.

Les taux de pauvreté et d’extrême pauvreté, relativement stables jusqu’en 2008, ont fléchi jusqu’en 2017 avant de remonter. 2017, c’est l’arrivée de Macron au pouvoir et la mise en œuvre de son mot d’ordre «tout pour les riches». Le taux d’extrême pauvreté a augmenté de 11 points entre 2017 et 2023 : aujourd’hui 74 % des ménages rencontrés vivent sous le seuil d’extrême pauvreté.

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Chaumont, ville pauvre

Nous l’avons dit à plusieurs reprises dans notre journal, toutes les études indiquent que Chaumont est une ville pauvre. Le niveau de vie y est particulièrement bas. Et le Secours populaire, les Restos du cœur et le Secours catholique font état d’une préoccupante du nombre de personnes à aider et de la diminution des moyens des associations. Elles notent toutes une forte progression de la pauvreté parmi les jeunes et les retraités et notamment les femmes.

Comment vivre avec un RSA qui a décroché du Smic, ou des indemnités de chômage qui n’en finissent pas d’être rognées ou une retraite de moins de 1000 euros, ce qui est le cas de nombreuses retraitées dans notre département ? D’autant qu’aujourd’hui, aux difficultés à se nourrir, s’ajoute la précarité énergétique (chauffage, gaz, électricité) et à se déplacer dans un département rural.

30 ans après, les pauvretés devraient faire l’objet d’un grand débat ici dans notre ville et devenir la préoccupation numéro un de celles et ceux qui sont attachés à l’avenir de la cité. Malheureusement, pour l’heure, la solidarité due aux plus démunis d’entre nous n’a pas (encore) fait son entrée dans les programmes des candidats aux futures élections municipales…

Nelson Mandela écrivait : «Vaincre la pauvreté cen’est pas un geste de solidarité, c’est un acte de justice ».

Adriana Fernandez & Richard Vaillant