La campagne pour les élections municipales est lancée et, d’emblée, la question de la sécurité s’impose dans les programmes, ou plutôt le « sentiment » d’insécurité, notion mal définie, aux évocations multiples.
On est dans le domaine de l’affectif, du ressenti, voire de l’irrationnel, nourris par une dramatisation et une instrumentalisation de la délinquance à des fins électorales, plus seulement par l’extrême droite. Les faits, réels certes, sont mis en scène par des médias qui érigent en faits de société des faits divers, qui privilégient la communication et négligent l’information.
On a fabriqué ainsi un sentiment fondé sur des expériences personnelles, la victimisation, la virtualité d’une menace, des discours politiques alarmistes, une peur collective sociale.
Cette peur collective sociale est sans doute le facteur déterminant dans la réalité de l’insécurité. Elle touche les personnes vulnérables, précaires, isolées en milieu urbain et rural, là où les besoins les plus élémentaires, physiques, alimentaires, sanitaires, écologiques ne sont plus accessibles.
C’est la peur d’aujourd’hui et de demain. Comment finir le mois, payer le loyer, comment accéder aux droits dans le dédale administratif déshumanisé ? Quelle retraite, quand, combien ? Les dispositifs de sécurité dans tous les domaines de la vie quotidienne, sécurité sociale, assurance chômage, remboursement des soins, congés maladie sont mis à mal. Macron nous prédit la guerre et s’y prépare.
On pense pouvoir répondre par la création et le renforcement d’une police municipale et des caméras de surveillance. La surenchère est ouverte « quoi qu’il en coûte ». Quand tous les délinquants seront sous les verrous, les feux de poubelles éteints, l’éclairage public rallumé, l’insécurité sociale gangrènera encore le quotidien. L’approche répressive déplace les problèmes plutôt que de les résoudre et, si rien ne change, demandera toujours plus de policiers.
Louis Laprade
