Dans le Var, Christophe Belgembe, un terroriste d’extrême droite, a tué Hichem Miraoui, un paisible coiffeur tunisien de 46 ans, et blessé un Turc. Sur les réseaux sociaux, l’auteur des coups de feu disait sa haine des arabes et appelait à voter RN. Preuve, s’il en était encore besoin, que la base de l’électorat d’extrême droite n’est pas dupe du discours policé des dirigeants du Rassemblement national.
Ce meurtre raciste, qui s’inscrit dans la progression des actes islamophobes (plus 73 % depuis le début de l’année), suit l’assassinat d’Aboubakar Cissé dans une mosquée, en avril dernier. Mais c’est la première fois que le Parquet national anti- terroriste est saisi. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur – qui a encore mis beaucoup de temps à réagir – aurait bien voulu dire à nouveau qu’il s’agissait d’un acte perpétré par un déséquilibré. Mais Christophe Belgembe était détenteur de nombreuses armes à feu dûment déclarées. Ce qui veut dire que les services de l’Etat l’ont toujours considéré suffisamment équilibré pour les acquérir légalement.
Dans ses publications sur internet, l’homme ne faisait bien souvent que reprendre les allégations diffusées dans la presse de Bolloré. Il croyait aux thèses du grand remplacement et écrivait sur Facebook : «Tu comprendras quand tes gosses seront obligés d’embrasser l’islam». C’est pourquoi il estimait qu’il fallait dès maintenant «faire un carton» sur les «bicots».
Sa haine s’intensifiant au fil des ans, il est évident qu’il a été influencé par le milieu politico-journalistique qui fait de plus en plus commerce d’une prétendue islamisation de notre société.
La cible d’un nouveau maccarthysme d’Etat
À l’Assemblée nationale, la droite traditionnelle, mais aussi une partie du centre, viennent de franchir un nouveau cap en votant la résolution de Laurent Wauquiez. Il réclamait une commission d’enquête sur LFI, qui soutiendrait des actions terroristes et serait le relais de l’idéologie islamiste. Heureusement, en commission des lois, toute la gauche s’est opposée à cette mascarade et, les abstentions faisant le reste, la proposition n’a pas été retenue.
Le vice tenait dans le fait qu’étaient particulièrement ciblés les attachés parlementaires d’ascendance musulmane. On allait éplucher leurs vies pour essayer de montrer qu’ils avaient pu un jour croiser la route d’un proche des islamistes. Ça n’aurait jamais rien prouvé, mais la presse réactionnaire faisant monter la mayonnaise de la suspicion, beaucoup risquaient de subir les conséquences de fausses allégations sur les réseaux sociaux, comme c’est déjà trop souvent le cas.
LFI, la plus forte organisation de gauche, est la cible d’un nouveau maccarthysme d’Etat. Comme il est difficile de la mettre en
difficultés sur ses idées ou son projet, on l’attaque sur sa spécificité : la défense des opprimés dans les banlieues. Et qu’importe qu’ils soient Français et républicains, ce sont aussi bien souvent des musulmans. C’est donc en tirant les ficelles du racisme qu’on aura le plus de chances de l’atteindre.
L’islamophobie fait de plus en plus de victimes innocentes, mais ça arrange tellement de monde…
Lionel Thomassin