Le procès de Nicolas Sarkozy et de trois de ses ministres, tous poursuivis – entre autres – pour association de malfaiteurs, nous rappelle qu’un nombre extraordinairement élevé de nos dirigeants politiques trempe dans des affaires nauséabondes. Pour ce qui concerne simplement les mandatures d’Emmanuel Macron, depuis 2017, le journal Le Monde nous rappelle que 26 ministres ont été, ou sont encore, mis en cause dans des procédures judiciaires. Le journal Fakir, lui, s’intéresse aux 15 qui se sont surtout illustrés dans des délits de corruption. Effarant !
Un contexte de plus en plus favorable à la corruption
Il n’est pas étonnant, comme nous l’écrivions la semaine dernière, que la France dégringole dans le classement mondial de la perception de la corruption établi par «Transparency International». Le mouvement non gouvernemental recense les condamnations qui tombent chaque année au niveau des communes, des départements, des régions et de l’Etat. Cependant, on pourrait objecter que si le nombre d’affaires s’accélère, c’est parce que la justice est, chaque année, toujours plus efficace. Peut-être… Mais on ne peut pas négliger le ressenti des observateurs et le fait que le contexte s’avère de plus en plus favorable à la corruption (influence accrue des cabinets de conseil, poids des lobbies, activisme des milliardaires, muselage d’une grande partie de la presse…).
Quelque chose a changé avec l’avènement du macronisme. Beaucoup de personnalités de la société civile, fantasmant le monde politique et prétendant le transformer, sont brusquement arrivées au pouvoir. Elles ont visiblement assez facilement accepté, sinon pratiqué elles- mêmes, des prises illégales ou conflits d’intérêts, du favoritisme, des détournements de fonds publics, des abus de confiance, des fausses factures, etc. La preuve en est qu’aujourd’hui toute une partie de la classe politique (mais aussi de la sphère médiatique traditionnelle) ne s’émeut plus des nominations, à la tête de ministères ou de grands services de l’Etat, de politiciens mis en examen, voire condamnés.
Lorsque l’un des leurs est pris ils n’hésitent pas à s’attaquer aux juges
Tout est fait finalement pour donner foi à l’idée que les politiciens seraient «tous pourris». Idée qui profite généralement à l’extrême droite. Or, même lorsque le Rassemblement national se fait épingler pour avoir détourné à son profit des millions d’euros de l’Europe, il se trouve encore des ministres macronistes pour déclarer, selon leur vision tordue de la démocratie, qu’il serait mal venu de condamner Marine Le Pen.
Ces gens-là, qui n’ont aucune retenue, sont toujours prêts à accuser la justice d’être trop laxiste avec les petits délinquants (ceux qui se rendent voleurs pour quelques dizaines ou centaines d’euros). Et, dans le même temps, lorsque l’un des leurs est pris pour avoir trafiqué sur des millions d’euros, ils n’hésitent pas à s’attaquer aux juges qu’ils taxent de partialité. Cet esprit de caste n’est-il pas insupportable ?
Lionel Thomassin