Combien de pauvres pour l’Insee ?

Depuis plusieurs années, le décompte de la pauvreté en France pose problème. Se calant sur les bases et les méthodes en cours à l’OCDE, l’Insee communique le chiffre repris partout de 9,1 millions de personnes pauvres en France (14,4 % de la population).  Il s’agit là de la pauvreté monétaire évaluée sur la base d’un seuil de revenu mensuel inférieur à 1 216 euros pour une personne seule et 2 554 euros pour un couple avec deux enfants, prestations sociales comprises.
Pour les propriétaires (64 % en Haute-Marne), le montant estimé d’un loyer est intégré dans ce revenu. Mais, comme dans certains contrats, il faut lire le renvoi : « non inclus les personnes pauvres vivant en communauté ou dans les DOM ». Or, si l’on rajoute ces personnes françaises, bizarrement écartées des statistiques, il faut rajouter 2 millions au chiffre « officiel ». Ce qui porte l’estimation Insee plutôt à 11,2 millions de pauvres, soit 16,5 % de la population.
De récentes études soulignent que le mode de calcul invisibilise les inégalités hommes-femmes dans le « revenu du ménage ». Elles mettent aussi en débat l’écart entre la statistique et le ressenti de la population, car des éléments non monétaires interfèrent sans être pris en compte. Ainsi 9 Français sur 10 ont l’impression que la pauvreté augmente, près d’un sur deux rencontre des difficultés pour vivre décemment, et 20 % d’entre eux se considèrent comme pauvres.
Enfin les chiffres de l’Insee, par suite des « nécessités de croiser diverses données », datent de 2021. Autant dire que l’inflation a très sérieusement fait bouger les lignes dans le sens d’un accroissement conséquent de la pauvreté, qui n’apparaît encore nulle part…
G. Tardenois