Adapah/ADMR, le personnel comme variable d’ajustement


Les dés pipés sont donc jetés, l’Adapah (Association d’aide aux personnes âgées et handicapées) est absorbée par l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural) à compter du 1er juin 2024.
Ce n’est pas une surprise, depuis le redressement judiciaire de juin 2023 et les difficultés financières liées à la sortie de la tarification et laissant un reste à charge trop important aux bénéficiaires. Pourtant, une tarification est un socle de négociations qui peut être dépassé si le prestataire le justifie, en particulier sur des critères de qualité du service rendu.
Il est connu qu’en matière d’attribution de projets dans le domaine social, le Conseil départemental pratique le choix du moins-disant, c’est-à-dire du coût de prestation au plus bas. Le président du Conseil départemental n’a pas voulu continuer à soutenir l’Adapah et a choisi l’ADMR, association qu’il semble affectionner particulièrement.
C’est vrai que l’ADMR pratique une politique singulière pour être moins-disante. Au niveau départemental, elle s’organise en structures de moins de 20 salariés pour échapper à la taxe sur les salaires et à des cotisations patronales que son président, Michel Huart, nomme charges, lapsus fréquent chez les dirigeants réfractaires au droit du travail. Cette organisation abolit l’obligation d’un CSE, lieu de dialogue, de consultation et d’échanges. Il est choquant que le secteur associatif se prête à des manœuvres dignes d’un patronat réactionnaire qui veut échapper à ses obligations.
Le manque de moyens ne peut pas être un prétexte pour faire payer aux salariés les désengagements des collectivités locales ou de l’Etat. Ce sont les salariés de l’Adapah, considérés comme une variable d’ajustement, qui vont supporter le coût de cette fusion, par des licenciements et une organisation dégradée.
Louis Laprade