Les arbres et la démocratie à la tronçonneuse…

La Haute-Marne s’est trouvée pendant plusieurs jours au cœur de l’actualité nationale. Et pour cause ! Avec son habitude intempestive des coups de com’, le président du Conseil départemental, Nicolas Lacroix, a fait le buzz. Au fil du temps, à coups de corrections, d’explications et de rétropédalage, il a fallu lancer l’opération « Sauvons le soldat Lacroix ». Le communiqué initial avait de quoi faire tomber plus d’un de sa chaise. Citons-le partiellement : « S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas. Les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes ». Au nom de quoi 3 500 à 4 000 arbres-assassins étaient irrémédiablement condamnés à mort. D’où les cris d’effroi qui se sont répercutés dans la presse, la radio, la télé. On peut s’étonner que le service com’ de Nicolas Lacroix ne l’ait pas mis en garde contre les réactions possibles…

Massacre à la tronçonneuse

À l’origine du tollé quasi général, il y a l’annonce du fameux « massacre à la tronçonneuse », cela va de soi. Mais se pose également la question de l’exercice du pouvoir personnel. Les exemples en la matière ne manquent pas. Mais le cas du président du département est assez typique, c’est presque un « cas d’école ». Il ne s’en cache pas et l’a formulé publiquement. 

Au risque de caricaturer, sa conception peut se résumer ainsi : « Les électeurs votent et les élus décident, et la population n’a plus droit à la parole ». Cette conception de la confiscation du pouvoir à titre personnel conduit à ne plus mener de concertation et à ignorer l’avis et l’intérêt de la population, puisque le président sait mieux qu’elle ce qui est bon pour elle. Elle mène tout pareillement à rejeter le débat avec les associations, comme ce fut le cas vendredi avec Nature Haute-Marne et Belles forêts sur Marne que Nicolas Lacroix a refusé de recevoir.

Ce comportement nous met face à un détournement du principe démocratique de base. Il réserve le pouvoir de décision et d’exécution à une élite (de plus en plus mal élue*), voire le réduit à une seule personne. Or, par définition, la démocratie vise à rendre disponible le pouvoir à n’importe qui. Elle accorde à chacun-e l’égale prétention à participer à la délibération collective.

G. TARDENOIS

*  Aux élections de 2021, il n’y a eu que 30 % de votes valablement exprimés. Les élus l’ont donc été par 1 électeur sur 5 !