“Ensauvagement” : ces monstres qui nous gouvernent

Non, la France n’a pas le plus fort taux d’homicides d’Europe, comme l’a prétendu le LR Bruno Retailleau. Elle est 11e au sein de l’UE et 17e en comptant tous les pays de l’Europe. Elle se situe en fait à peu près au même niveau que la Belgique et l’Angleterre. Mais il faut tout de même reconnaître qu’elle reste assez mal placée par rapport à l’Italie, l’Espagne et surtout l’Allemagne.

De même, on peut voir que les crimes de sang ont baissé depuis 20 ans. Ils ont toutefois tendance à remonter un peu ces dernières années. S’agit-il d’un soubresaut dans une courbe globalement descendante depuis des décennies ? Ou bien assiste-t-on à une nouvelle vague (pour reprendre une expression à la mode) ?

Il est sain de se poser la question, en analysant de plus près le phénomène. Afin, bien sûr de proposer d’éventuelles solutions. Mais ce n’est certainement pas ce que fait le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, quand il parle d’«ensauvagement». Et ce n’est pas un hasard si ce pompier-pyromane utilise une des expressions préférées des racistes d’extrême droite.

Evidemment, le sauvage ne peut pas être un français de souche. Dans l’imagerie populaire, il vient plutôt d’Afrique. En tout cas, c’est forcément un produit de l’immigration…

Et tant pis si une analyse plus fine des chiffres montre par exemple qu’un des plus forts taux d’homicides en France se situe en Corse, où le principal problème n’est pas forcément lié aux étrangers… 

En réalité, si on assiste à une montée de certaines violences depuis 2016 (pas toutes, loin de là…), la délinquance globale continue de diminuer. Notre société n’a jamais été aussi sûre qu’aujourd’hui.

Mais «On s’en fiche des chiffres», comme le dit Julien Pasquet, journaliste et animateur sur CNews. « Ce qui compte, c’est ce que ressentent les Français ! ».

Or, justement, c’est en matraquant des images de faits divers particulièrement sordides qu’on accentue le sentiment d’insécurité des Français. Se servir ensuite de l’impression qu’on a artificiellement créée pour prétendre qu’elle correspond à la seule réalité qui vaille, est indigne du métier de journaliste.

Darmanin, comme tout le personnel politique de droite, se sert goulument de cette supercherie. Au lieu d’agir en responsable – qui tenterait de comprendre les causes de certains délits en hausse et d’y porter remède – il jette de l’huile sur le feu de l’opinion publique.

Le but est électoral, bien sûr. Il s’agit de jouer sur une bi-polarisation qui veut que seule l’extrême droite soit présentée comme alternative à Macron. Ce dernier étant persuadé de bénéficier à chaque fois d’un sursaut républicain.

Les Français doivent cependant savoir qu’ils seront toujours les perdants de cette dangereuse course à l’échalote.

Elté