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Animal explora : la nature en 3D...                 Au fond d’un tunnel

Vendredi 13 septembre, le président du Conseil départemental est venu présenter aux élus de Châteauvillain et à quelques invités la nouvelle mouture du projet Animal Explora. Cela faisait bien longtemps que nous n'avions pas eu cet honneur, les futures élections municipales y seraient-elles pour quelque chose ?  

Beaucoup a déjà été écrit dans la presse sur ce sujet et comme cela nous a été précisé, ce n'est que la poursuite de l'étude du projet qui a été votée car il reste encore beaucoup d'autorisations à obtenir.  

Gaspillage de l’argent public

Ce qui ne manque pas d'étonner, c'est d'abord qu'on se rende compte, 10 millions d'euros plus tard, que le projet était surdimensionné (pour la seconde fois ! ), que les zones près de la rivière sont inondables (les habitants pouvaient le dire) et qu'il ne fallait pas s'attendre à voir arriver des touristes de la France entière. Le projet s'adresse maintenant à une population à 2 ou 3h de Châteauvillain. 

Second étonnement, le projet se transporte à l'opposé de celui de départ, c'est-à-dire avec entrée près du centre équestre et plus sur la route de Richebourg. Quid des travaux de viabilisation pour l’hébergement, du cratère creusé pour le centre aqualudique... Mais on n’est pas à ça près quand c'est de l'argent public !

Et de surprise en surprise, nous voici revenus en quelque sorte au projet initial avec des structures en béton dans lesquelles on pourra voir le monde animal sur écran. Souvenez-vous, le 1er projet nous faisait découvrir en 3D toute la vie sous les racines, sous l'écorce des arbres. 

Tunnel et dynamite

Mais prenons donc ce fameux petit train de 40 bulles qui avance "comme sur des rames de métro" sur 3km. Point de départ, le "pré-show ", plusieurs salles (en béton ) qui nous permettront d'attendre les bulles. Une gentille hôtesse en hologramme (ça me fait penser à quelqu'un) nous indiquera la marche à suivre et, tandis que nous patienterons, nous pourrons apprécier tout un décor interactif en 3D. Puis, passage dans la nature où, si on n’aperçoit pas les 50 espèces d'animaux sauvages, on pourra toujours les voir sur support vidéo dans la bulle. Nous traverserons ensuite 2 tunnels scénographiques (en béton aussi) où, sur écran, nous découvrirons l'évolution animalière, survolerons  le Parc national grâce à un masque de réalité virtuelle etc. Je n'oublie pas le passage par la volière, le bassin aquatique avec ambiance tropicale (typiquement local) où l'on pourra nager près des loutres et autres animaux. Mais attention, on nous a prévenus, ce bassin est très, très, très technique ! Sans parler du bien être animal.

Un projet utilisant tant de nouvelles technologies, sans cesse en évolution, ne va-t-il pas demander de perpétuels investissements ? Que penser de ces tunnels en béton qui vont encore dynamiter le parc, de ces rails ? Et l'eau dans tout ça, pour abreuver les animaux, pour les 200 couverts du restaurant, les 800 lits, les toilettes publiques. On m'a assuré que notre capacité était quasi illimitée, pourquoi alors être en restriction aujourd'hui ? Quel impact sur l’environnement vont avoir ces constructions, ces animaux ? N'espérez plus voir nos 30 pauvres daims qui, eux, sont relégués dans la partie inondable du parc. Enfin que dire de ce projet 4.0 quand tant de restrictions environnementales nous sont imposées dans la charte du Parc national. Les grands défenseurs de la nature ne voient-ils aucun inconvénient à ces nouveaux saccages ?  

Donc, résumons : "projet unique, original, rationalisé", à 58 millions d'argent public, avec une marge de 10% ! Ajoutons, et c'est ce qui enthousiasme les élus, une promesse de 40 emplois sur l'année ! Mais pas maintenant, ni en 2023, peut-être dans 18 ans ? (400 emplois promis dans le premier projet). Une chose est toutefois certaine, il ne fait pas bon poser de questions sur l'utilisation de l'argent public, cela peut froisser certains élus qui préfèrent prendre tout pour argent comptant !

Marie-Rose Patelli

19 septembre 2019