Ah, que la guerre est jolie !

Elle arrive, elle vient, elle est là. Les va-t-en-guerre sont en érection. « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants… » C’est un général qui parle, le chef d’état-major des armées avec un genre de petit sourire de limace qu’on a vu partout. On condamne le pédophile mais pas celui qui ordonne d’accepter la mort des enfants au nom de la France. Combien ont répondu oui, j’accepte de perdre mes enfants ? Et combien d’enfants se sont précipités, le cou tendu, prêts à donner leur sang ?

Pourtant la guerre est à nos portes. Le gouvernement édite un guide de survie et demande aux hôpitaux de se préparer à la guerre d’ici mars 2026. Dans l’hypothèse d’un « engagement majeur » en Europe. Car il y a « accélération des périls » ou bien « risque accru de conflit » ou encore « possible choc avec la Russie ». Les petites phrases sont distillées par d’augustes stratèges, des généraux retraités, des animateurs graves et Macron partout. L’inéluctable s’installe. La guerre va passer devant tout le reste. Inégalités, pouvoir d’achat, santé publique, éducation et tout débat politique. C’est le règne des guerriers avec depuis toujours leurs deux seules finalités, le pillage et le viol. Pour les autres, la survie passe avant la vie. La guerre, c’est toujours la solution. Et c’est bon pour l’économie. La France renforce son rang de deuxième exportateur d’armement derrière les États-Unis. L’Europe devient le centre névralgique de l’armement mondial. Avec les autres guerres (Gaza, etc.), l’industrie de l’armement explose et les actionnaires se gavent. Acceptent-ils de perdre leurs enfants pour la France comme le demande le général ? Peut-être. Quand c’est la guerre, tout devient primaire et tout devient secondaire.

Oui, la guerre est jolie, Guillaume avait raison.

Seule issue, déserter.

Daniel Mermet

Des ouvriers peignent des obus à l’usine nationale d’obus de Chilwell (Nottinghamshire), en août 1917. Il s’agissait de l’une des plus grandes usines d’obus de Grande-Bretagne (photo : Horace Nicholls/IMPERIAL WAR MUSEUM PHOTOGRAPH ARCHIVE COLLECTION)