Sinistres cyniques (1)

Si MM. Macron et Attal se retrouvaient au chômage (on peut toujours rêver !), accepteraient-ils de travailler comme couvreurs, par exemple ? Evidemment non. Et personne d’ailleurs ne songerait à le leur proposer. Mais eux, qui n’ont aucun scrupule, ne se gênent pas pour l’imposer aux autres.
Sous prétexte que deux ou trois centaines de milliers d’offres d’emploi ne seraient pas pourvues (sur plus de deux millions, tout de même), ils veulent rendre la vie impossible aux chômeurs, histoire de les pousser au boulot. Mais ils savent très bien que ça ne correspond à aucune réalité.
Ce type de mesures ne va pas créer magiquement des ingénieurs, des techniciens, des professionnels de santé, des informaticiens, des cuisiniers, des pâtissiers, des électriciens, des plombiers… Sans oublier qu’il y a à peu près cinq millions et demi de demandeurs d’emploi en France (dont la moitié ne sont pas indemnisés).
Même si la disposition avait la moindre chance d’être efficace, elle ne serait absolument pas à la hauteur des enjeux. Qu’à cela ne tienne ! Pour les cyniques, le résultat n’a pas d’importance !
Mais pourquoi font-ils cela en période électorale ? Est-il judicieux d’attiser encore la colère de millions de Français ? Oui, parce qu’avec leurs amis milliardaires propriétaires de médias, ils sont en train de gagner la bataille de la désinformation. Un sondage commenté par l’Institut (libéral) Montaigne affirme que, pour la première fois, plus de la moitié des personnes interrogées sont persuadées que « le système d’indemnisation des chômeurs ne favorise pas le retour à l’emploi ».
Un autre, réalisé par CSA, commandé par CNews, Europe 1 et le JDD, dit que 56 % seraient favorables à une diminution de la durée et/ou du montant des indemnités. Et même si les questions ont pu être biaisées et qu’un autre sondage pourrait montrer une tendance légèrement inverse, nos deux cyniques savent que leur projet de loi passera plutôt bien dans l’électorat qu’ils visent.
Mais à quoi tout cela pourrait-il bien servir ? A détourner une partie de l’argent de l’assurance chômage ? Probablement ! Cependant, bien cyniquement, le grand avantage de la précarisation des chômeurs revient aux entreprises. Celles-ci ont, dès lors, de moins en moins besoin de rendre leurs salaires attractifs et disposent de plus en plus de moyens de pression sur leurs salariés.
À suivre…
Lionel Thomassin