N’AYEZ PAS PEUR

« Si vous taxez les très riches, ils vont partir à l’étranger »

Avant d’être congédié, François Bayrou aura lourdement brandi le spectre de l’exil des grandes fortunes pour défendre sa place et son budget, et combattre la proposition de « taxe Zucman ».

Gabriel Zucman, économiste, propose pour les ultra-riches une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros. Il avait, par avance, démonté le mensonge de Bayrou.

La taxe Zucman vise la fortune personnelle des ultra-riches.

La taxe Zucman est un impôt plancher qui ne touche pas les entreprises (ce n’est pas un impôt sur les sociétés), elle vise la fortune personnelle des ultra-riches.

Le risque d’inconstitutionnalité n’existe pas car on ne peut sérieusement avancer le caractère « confiscatoire » d’une taxe qui ne serait que de 2%.

La fiscalité française reconnaît déjà le principe d’un impôt sur le patrimoine à travers la taxe foncière. Celle-ci, indépendante du revenu du contribuable, est profondément injuste.

le risque réel d’exil fiscal est négligeable

La taxe Zucman est conforme aux principes constitutionnels d’égalité devant l’impôt, aujourd’hui bafoués. En proportion de leurs revenus, les milliardaires payent deux fois moins d’impôts que le contribuable moyen.

Toutes les études montrent que le risque réel d’exil fiscal en réponse à l’imposition sur la fortune est négligeable. Selon « France Stratégie » (organisme rattaché à Matignon), « 0,1 à 0,2% maximum de la population totale des hauts patrimoines choisit de s’expatrier lorsqu’elle est taxée sur l’ensemble de ses actifs financiers et immobiliers, ces flux restent suffisamment faibles pour n’avoir qu’un effet marginal sur l’économie française ».

Les études effectuées en Suède, en Norvège et au Royaume-Uni arrivent aux mêmes conclusions.

Il n’est donc vraiment pas sérieux d’agiter l’épouvantail de l’exil fiscal pour écarter les mesures de justice fiscale qui s’imposent.

Pascal Pruvot