Dans un entretien donné à La Dépêche, Eric Heyer, Directeur du département Analyse et prévision économique de l’OFCE*, démonte point par point le catastrophisme affiché par Bayrou pour justifier sa politique.
Le Premier ministre se réfère à la Grèce de Tsipras. Mais celle- ci empruntait avec des taux d’intérêt à 37% alors que la France emprunte, facilement, sur les marchés financiers, à un taux de 3,5%. Dans la zone Euro, la dette de l’Italie, comme celle de la Grèce, sont très supérieures à la sienne. La France n’est pas au bord de la faillite, et le FMI n’est pas à sa porte.
Comparer la dette d’un Etat à celle d’un ménage est absurde
L’économiste rappelle qu’il est absurde de comparer la dette d’un Etat à celle d’un ménage. Quand Bayrou dit qu’on va laisser 3 000 milliards d’euros de dettes aux générations futures, il omet de dire qu’on va leur laisser aussi 3 700 milliards d’euros d’actifs (stocks d’or, participations dans le privé : Orange, EDF…). Et qu’il y a aussi des actifs non financiers (immobilier). Si chaque Français naît avec 54 000 euros de dettes, il naît aussi avec 24 000 euros d’actifs financiers et 41 000€ d’actifs non financiers.
Le catastrophisme de Bayrou aggrave la situation. Ses discours inquiètent les chefs d’entreprise qui reportent leurs projets et investissent moins. Ce qui entraîne moins de commandes, moins d’emplois, moins d’investissements, moins de recettes publiques et plus de déficit. C’est un cercle vicieux.
En outre, la logique austéritaire freine la consommation populaire, premier moteur économique d’un pays où la consommation des ménages pèse pour 55% dans l’économie.
Restreindre le pouvoir d’achat des Français ne peut qu’aggraver la récession économique et la dette.
Pascal Pruvot
*OFCE : Observatoire français des conjonctures économiques