

Discours de Marie-Rose Patelli , Secrétaire du Syndicat CGT des Retraités, prononcé à Nogent le 19 août lors de la cérémonie des obséques de notre camarade Gérard VAILLANT
Gérard, notre ami, notre compagnon de lutte, notre camarade s’en est allé, si vite, si dramatiquement. Il y a si peu de temps il était encore avec nous sur la marché à distribuer notre journal, et en réunion le 7 juillet dernier juste avant son entrée à l’hôpital.
Camarade : s’il est un homme auquel ce mot va bien, c’est toi. Tu as su y mettre tout l’humanisme, l’amitié, la chaleur humaine que ce mot contient.
Gérard comme ses plus jeunes frères avait la lutte de classe chevillée au corps. Cette révolte, ce refus de l’injustice, il l’a concrétisé dès son adolescence en s’engageant dans les jeunesses communistes.
Il était des manifestants de mai 68 à Chaumont, et même en grève dans l’entreprise où il travaillait, celle de sa sœur et son beau frère.
Ensuite, il a rejoint tout naturellement le parti communiste, où il a assumé des responsabilités importantes, notamment celle de secrétaire fédéral.
Combien de campagnes électorales, de réunions, de manifestations avons-nous menées ensemble, pour un monde meilleur, un monde de justice, de liberté dans ce Parti Communiste de Haute-Marne qu’il dirigeait de concert avec Jacqueline Boyer.
Son engagement politique lui fit prendre un mandat municipal et assurer deux mandats d’adjoint à la mairie de Chaumont, avec Jean-Claude Daniel, élu sur une liste de gauche, il était chargé de l’économie et était très pointu sur les questions de finances.
Mais une stratégie chaotique, des débats houleux, nous ont fait quitter ce parti auquel nous étions si attachés, quand il est apparu que non, décidément, ce n’était plus ça !
Il avait bien aimé la formule que Jacqueline utilisait « nous n’avons pas quitté le parti, c’est lui qui nous a quittés.»
Gérard s’est alors tourné vers le syndicat des retraités CGT. Membre inestimable de notre bureau, sa réflexion, sa pertinence, son esprit de synthèse, sa capacité à écouter et à proposer, ont toujours caractérisé ses interventions, toujours prononcées avec calme et modération, ce qui n’excluait pas, pour autant, la fermeté de ses convictions. La qualité de ses analyses, ses articles dans notre journal, vont nous faire cruellement défaut.
A l’heure où certains développent le chacun pour soi et cultivent le populisme ou le culte de la personnalité pour des intérêts privés, pour Gérard ce qui importait c’étaient les valeurs de solidarité, de fraternité, d’unité et de liberté, pour que la société réponde au bien de toutes et de tous.
Il était membre de la Ligue des Droits de l’Homme et tous les samedis, après avoir distribué notre journal, il participait au rassemblement pour la Palestine et contre le génocide à Gaza.
Les camarades de la CGT retraités mais aussi ceux ceux de FO, de la FSU, d’ UNIRS solidaires, de l’UNSA ont tenu a l’accompagner aujourd’hui.
De nombreux messages nous sont parvenus soulignant combien Gérard était une personne exceptionnelle, des messages d’amis, de camarades d’Amnesty, du Secours Populaire, des Resto du Cœur, de la Libre Pensée et de bien d’autres pour qui Gérard était, je cite : un “mec bien », un excellent camarade, un esprit ouvert, un humour à toutes épreuves, une élégance, une vraie gentillesse au sens noble du terme, une générosité fraternelle. Nous perdons un grand camarade, un ami, un frère…. un pur…
Gérard, ton héritage de luttes et tes valeurs resteront vivants dans nos cœurs et nos actions. Aussi, le meilleur moyen de te rendre hommage c’est bien de continuer ton combat, pour que tout être humain vive dignement.
À Nadine , à Anne et son mari, à leurs enfants, à ses frères, Christian, Richard , Jean-Pierre et à leur famille, nous réaffirmons toute notre affection et notre soutien dans leur chagrin !
Gérard aimait aussi follement la poésie. En guise d’adieu, voici quelques vers du poème d’ Henri Gougaud, intitulé « le temps de vivre » qu’il avait mis sur son compte Facebook il y a quelques mois. Comme un pressentiment….
A peine a-t-on le temps de vivre
qu’on se retrouve cendre et givre
adieu
et pourtant j’aurais tant à faire
avant que les mains de la terre
me ferment à jamais les yeux
Je voudrais faire un jour de gloire
d’une femme et d’une guitare
d’un arbre et d’un soleil d’été
Je voudrais faire une aube claire
pour voir jusqu’au bout de la terre
des hommes vivre en liberté
Assis entre deux équilibres
dans ce monde qui se croit libre
et qui bâtit des miradors
je voudrais bien que nul ne meure
avant d’avoir un jour une heure
aimé toutes voiles dehors
Marie-Rose PATELLI