Municipales/Chaumont : pas une gauche façon Macron, tout de même !


La presse locale nous a appris la semaine dernière la constitution de l’association «Bâtir l’avenir, réveillons Chaumont et Brottes». Celle-ci, qui entend défendre des valeurs de gauche, ne cache pas son intention de monter une liste pour les prochaines municipales. Et pour cela elle veut ratisser large puisque, précise son président, elle sera ouverte «aux gens de tous bords sauf les extrêmes» ; donc «sans le RN et LFI».

De tous bords sauf les extrêmes

Présenté ainsi, on comprend qu’elle voudrait bien accueillir dans ses rangs des membres de LR, dont les dirigeants devenus trumpistes, s’attaquant entre autres à la culture et aux musulmans, n’ont plus rien à voir avec les valeurs de liberté, égalité, fraternité. Mais elle refuse de s’associer à un parti dont le programme est moins radical que celui de Mitterand en 1981.
Si c’est pour nous refaire le coup de Macron, merci bien ! Faut-il encore le rappeler ? Le RN est bien d’extrême droite, officiellement qualifié comme tel parce qu’il ne met pas tous les citoyens sur un même pied d’égalité. Il l’est aussi parce que nombre de ses militants sont des fachos assumés.

Mais LFI n’a rien à voir avec l’extrême gauche. Le Conseil d’Etat l’a confirmé, constatant, contrairement à la demande des macronistes, que cette formation respectait toutes les valeurs de la République. Le journaliste politique de centre-droit, Alain Duhamel a récemment déclaré qu’il ne pouvait pas adhérer aux idées de LFI, mais qu’il devait reconnaître que c’était actuellement le seul parti capable de mener une vraie réflexion et de construire un programme cohérent. Chacun peut constater en effet qu’un travail sérieux, réalisé avec des chercheurs, y donne lieu à des publications très intéressantes. Ce qui n’existe pas au PS, pour ne citer que lui… C’est peut-être ce qui explique que La France insoumise est le premier parti de gauche aujourd’hui. Mais c’est aussi parce qu’il rassemble une majorité de jeunes, dont beaucoup n’iraient même pas voter s’il n’existait pas.

Le lendemain, plus question d’ostraciser LFI,

Bref, sur la base de ces considérations, les membres de la nouvelle association chaumontaise «de gauche», se sont fait copieusement engueuler. Si bien que le lendemain, les représentants du bureau ont publié un communiqué contredisant (un peu) leur président. Il ont longuement expliqué que leur seul adversaire était le RN et qu’ils étaient toujours prêt à «dialoguer avec toutes les forces démocratiques et républicaines, dans le respect des convictions de chacun, pour construire ensemble une société plus juste, inclusive et solidaire».

On comprend donc qu’il n’est plus question d’ostraciser LFI, même si le nom n’est jamais mentionné (ça n’aurait-il pas été mieux en le disant ?). À Chaumont, comme ailleurs, il existe un groupe de jeunes Insoumis (assez fourni) se réunissant régulièrement. Il y aurait tout de même quelque chose d’inconvenant à prétendre «Bâtir l’avenir», en oubliant les seuls jeunes qui mènent, avec un certain talent, une réflexion politique sur le territoire.

Lionel Thomassin