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Effort de guerre (?)

Richard Vaillant, secrétaire du syndicat CGT des retraités de Chaumont

Effort de guerre. La formule belliqueuse a été employée par la préfète de Haute-Marne pour ordonner aux salariés d’aller dare-dare au travail. Le nerf de la guerre, écrit-elle, c’est l’activité, l’approvisionnement...

Qui niera que les magasins, services, entreprises nécessaires à la santé, à l’approvisionnement, aux transports (et à l‘info) sont indispensables mais pour le reste, on peut s’interroger sur ce qui motive de tels propos aussi directifs. Il y a d’ailleurs des phrases qui valent le détour : le confinement général de la population n’a de sens que si par ailleurs l’activité du pays continue... Comprenne qui pourra !

Je sais bien que tout haut fonctionnaire a pour tâche de retransmettre la parole gouvernementale sinon jupitérienne. Mais il y a la forme, vindicative et autoritaire. La forme c’est le fond qui remonte à la surface, disait Victor Hugo.

On se demande ce que recherche l‘État avec ce regain d’autoritarisme. À faire peur, à faire diversion ?

On parle de sanctions durcies pour les confinés qui sortiraient sans attestation. Faut-il rappeler que s’il y a confinement c’est parce que la France n’a pas ou plus les moyens de procéder à un dépistage massif comme le demande l’OMS et que les masques font cruellement défaut.  Et je ne ferais qu’évoquer ici, l’état de notre santé publique, pas assez de personnel, pas assez de lits, pas assez de moyens. Et parfois pas de réa !

Oui, il manque des masques. Et on peut être effaré lorsqu’on apprend que le budget alloué à l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) créé pour répondre aux besoins de santé en cas d’attentats et de pandémie oa été divisé par dix en vingt ans. Ah ! les belles années Sarkozy, Hollande et Macron...

Mais revenons à la note préfectorale qui demande donc aux salariés de retourner au travail, sans dépistage et sans masque, les faire prendre leur voiture (pour la plupart) et d’aller sur leur lieu de travail par dizaines et parfois par centaines... Parce que c’est la guerre, il faut de la chair à canon ? Pourquoi ? Pour se retrouver dans la situation italienne -il paraît qu’on a un mois de retard sur eux- où il a fallu attendre 800 morts dans la seule la journée d’hier (21 mars 2020)  pour que le gouvernement ordonne l'arrêt de toute activité de production autre que celle "strictement nécessaire" *. S’il le fait c’est sans doute qu’il y un rapport de cause à effet. Non ?

Richard Vaillant, secrétaire du syndicat CGT des retraités de Chaumont

*La dépêche précise que sur les 4825 décès enregistrés en Italie, 3095 l’ont été en Lombardie, le poumon économique du pays ! Est-ce cela que l’on veut ?