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Tous des casseurs ?

Déclaration du syndicat CGT des retraités de Chaumont

Le gouvernement a décidé de reprendre à son compte la proposition de loi Retailleau visant à « prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs auteurs ». Alors que la France dispose d’un arsenal législatif déjà des plus répressifs, ces nouvelles mesures portent gravement atteinte aux libertés publiques de toutes et tous.*

Dans un communiqué daté du 3 octobre 2017 (paru dans la presse locale) notre syndicat s’insurgeait contre le projet de loi concernant l’état d’urgence. Avec cette loi, disions-nous, la France, pays des Droits de l’homme a cessé d’être un état de droit, c’est-à-dire pour reprendre une phrase d’Edwy Plenel, un État dont les citoyens sont en sûreté parce qu’ils sont assurés de ne pas être livrés aux abus de pouvoir étatiques.

Cette nouvelle loi anticasseurs, c’est ni plus ni moins que l’état d’urgence appliqué aux manifestations syndicales, politiques, associatives et citoyennes comme le sont celles des Gilets jaunes ou des anti-Bure. Le gouvernement met en place tout un arsenal répressif qui ne vise pas les casseurs, mais le manifestant lambda avec un seul but, créer une psychose de peur pour dissuader le citoyen de manifester. C’est une atteinte inadmissible aux droits syndicaux et démocratiques, à la liberté d’opinion.

Fichage des manifestants, interdiction individuelle de manifester, obligation de pointage sont autant de signes de la poursuite d’une logique de suspicion généralisée et de contrôle social avec le risque de dévoiement des procédures et d’arbitraire.*

Enfin, nous ne sommes plus un État de droit dès lors que le rôle du juge s’efface au profit de l’autorité administrative.

Ainsi, comme le signale M. Charles de Courson, l’interdiction administrative de manifester, qui n’est pas réattribuée à l’autorité judiciaire constitue une présomption de culpabilité inacceptable. Le préfet se fait juge. Cette seule mesure m’oblige à voter contre. (interview au journal l’Humanité)

Le syndicat des retraités CGT de Chaumont condamne ce projet de loi qui remet en cause les grands principes de liberté, d’égalité et de fraternité et les engagements de la France au plan international.

Nous en tirerons la conséquence logique en refusant d’aller rencontrer celles et ceux qui, en votant cette loi, assimilent les gilets jaunes et les syndicalistes à des casseurs. Sera-t-on fouillé à l’entrée des «grands» débats ? Pourra-t-on encore remonter les rues de Chaumont pour dire son fait au gouvernement et au «patron» pour reprendre la formule chère à Benalla, sans être fouillé et arrêté pour avoir un gilet jaune dans sa sacoche ou un masque en papier ? Non, décidément non, pas de discussion avec les fossoyeurs des libertés publiques...


Chaumont le 5 février 2019

Syndicat CGT des retraités de Chaumont


* Communiqué commun de la Ligue des droits de l’Homme, du syndicat des avocats de France, du syndicat de la magistrature, de la Fondation Copernic, de la FSU, de Solidaires, et de la CGT.