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Le Signe va cautionner la poubelle nucléaire

Réalisé sur un projet en grande partie fumeux, le Signe ne parvient pas - loin s'en faut - à atteindre ses objectifs. Sa relation avec le monde économique n'est pas le moindre de ses échecs.

Non seulement, comme on pouvait s'en douter, ses résultats auprès du mécénat privé restent ridicules, mais son rôle dans la collaboration entre graphistes et entreprises est pratiquement inexistant.

En désespoir de cause, le voilà qui pactise avec l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Histoire probablement de présenter un bilan un peu moins catastrophique, mais, de toute évidence, au détriment d'une certaine éthique.

Au nom de la recherche, il recrute, rémunère et loge deux graphistes qui seront chargés de travailler avec des scientifiques et techniciens de l'Andra sur la communication du trou de Bure.

L'argument de départ peut paraître louable. Il s'agit de trouver les moyens d'informer durablement les générations futures. Sachant que les déchets ont une durée de vie inimaginable, il faut que, millénaires après millénaires, les terriens du coin n'oublient jamais qu'une merde hyper-dangereuse est enfouie sous leurs pieds. Sauf que ça revient à cautionner une formidable inconséquence.

L'appel d'offres du Signe précise : « les centres de stockage de déchets radioactifs sont conçus pour être sûrs de manière passive une fois fermés et donc ne nécessitent aucune intervention de la part des générations futures ». Or, on sait bien que les matériaux destinés à renfermer les produits radio-actifs ont une durée de vie négligeable au regard de la longévité de leur contenu. La seule solution raisonnable est celle de la réversibilité. Il faut stocker les barils dans un endroit où on peut à tout moment venir les reprendre. Soit pour les sécuriser au fur et à mesure, soit, si la recherche avance, pour les traiter enfin.

À Bure, on entend tout entasser dans le trou, puis le refermer, en pariant sur l'imperméabilité (très contestée) de l'argile locale et espérant une improbable stabilité durant des dizaines de millénaires. Ce projet, dicté par des impératifs économiques, n'est humainement pas raisonnable. Y participer est moralement condamnable.

Voilà pourquoi de nombreuses voix s'élèvent contre l'initiative du Signe ; à commencer par celles de graphistes créateurs ou longtemps partenaires du festival de Chaumont. Ceux-là n'acceptent pas non plus la répression qui s'abat sur les opposants à Cigeo et ils s'inquiètent d'un projet dit «culturel» qui aurait pour but premier de redorer dès aujourd'hui l'image de l'Andra.

Tout n'est évidemment pas à jeter dans le Signe. Mais il coûte déjà beaucoup trop cher à la collectivité pour ce qu'il lui apporte. L'amener à œuvrer pour la poubelle nucléaire va finir par nous le rendre inacceptable !

Elté - 9 août 2019