Le rat des villes et le rat des champs

Puisque c'est Hollande qui le dit….

Nous avons reçu de Michel Gueritte, président de l’association Qualité de Vie à Ville sur Terre un mail à propos des dernières déclarations du Président de la république. François Hollande prône le recours à des référendums locaux lorsque des projets d'aménagement du territoire conduisent à des situations de blocage, semblant tirer ainsi les leçons du "drame" de Sivens. "Un mauvais projet doit être arrêté rapidement. Pour débloquer une situation, un référendum local vaut toujours mieux que le fait accompli." Belle déclaration d’intention. Mais puisqu’il le dit...

Un référendum local sur le projet CIGéo ! Pourquoi pas ? Et pourquoi ne pas en ajouter un pour le parc aussi. C'est d'autant plus envisageable qu'une offre d'emploi vient d'être publiée pour la Haute-Marne, celui de DDT (il faudrait peut-être changer de dénomination). Le profil de poste précise “Enfin le département de la Haute-Marne est concerné par deux projets majeurs au plan national à savoir la création du Parc national de forêt de feuillus de plaine de Champagne et Bourgogne et la construction du Centre industriel de stockage de déchets nucléaires longue vie et moyenne vie haute activité en couche géologique profonde sur les communes de Bure et de Saudron (Meuse et Haute-Marne).”

Pour l'état pas d'incohérence, Bure et parc relèvent de la même stratégie, d'une même politique. Dès lors, cette demande d'organiser des référendums pour le projet CIGéo et le projet parc est légitime puisqu'il s'agit de “deux projets majeurs au plan national”

Le parc : consulter ou contraindre ?

Le Collectif des Racines et des Hommes, opposé au parc, plaide depuis longtemps pour que les populations soient consultées. Dans un communiqué (paru dans le Jhm du 28 novembre) Jean-Pierre Girardot, un des responsables, regrette “le manque de transparence dans ce dossier”. Il précise : "A écouter les porteurs de ce projet, rien ne changera avec le Parc. Alors pourquoi faire un parc ? Sous la pression, quelques éléments sont dévoilés et font prendre conscience aux citoyens des contraintes imposées dans un parc et qui sont définies dans la loi de 2006.”

Des Racines et des Hommes propose également, avec humeur -et raison aussi- au parc d'aller se faire voir ailleurs. Pourquoi ne pas proposer ce projet à d'autres régions qui, d'après les responsables du GIP l'attendent à bras ouverts ?

Peut-être n'est-il pas nécessaire d'aller si loin. Puisque les “grandes” villes du sud haut-marnais veulent absolument intégrer le parc, pourquoi ne pas  leur laisser le bébé, avec l'eau sale du bain, bien sûr. Imaginons le Corgebin dans la réserve intégrale : interdit d'y marcher, d'y cueillir des champignons, d'aller y admirer les animaux ou d'y prendre la moindre photo. Les Chaumontais devraient apprécier… (Lire ci-contre le communiqué de l'association des Racines et des Hommes).

Notons toutefois ce paradoxe : plus les villes  du sud haut-marnais s'éloignent du cœur du parc, plus elles en subissent l'attraction. On pourrait ainsi imaginer un grand parc Chaumont-Langres, englobant Rolampont et Auberive pour faire plaisir à l'inénarrable Volot. On sait que les "grands" projets, souvent stupides, sont fabriqués pour faire plaisir aux petits monarques locaux.

La consultation est d'autant plus indispensable que ce projet commence à avoir du plomb dans l'aile et que, petit à petit, au-delà du pseudo prétexte écolo apparaissent les véritables motivations liées à une stratégie de gestion des pollutions qui dépasse (comme pour Bure) les frontières étroites du département. (relire si besoin est les articles de Françoise Degert).

La lecture, dans L'Affranchi du compte-rendu de la réunion de la Chambre d'agriculture qui avait à émettre un avis sur ce dossier est édifiante. Un vote à l'arraché avec 16 voix favorables au parc (avec recommandations !), un blanc, UN OUI (souligné par nous) et 12 voix défavorables. Quelles transactions y a-t-il eu en coulisses pour en arriver là ? En effet, on sait pertinemment que la loi de 2006 interdit l'essentiel des accommodements proposés. L'avis favorable avec recommandation est un leurre utilisé pour arracher des votes positifs. Comme pour le confirmer, on notera l'intervention de Thierry Lahaye, président de la FDSEA, reprise dans l'Affranchi : " il y a un gros souci de forme. On ne sait pas ce qu'on veut nous faire avaler. L'Etat doit se remettre en cause et laisser les acteurs construire le projet...ça fait deux ans qu'on dit oui mais... Et nos idées n'ont pas été prises en compte..." Cela s'adresse-t-il à tous ceux qui pensent que leurs recommandations seront retenues ? On sait que devant les fortes réticences du monde rural -il n'y a pas que les agriculteurs qui s'opposent au projet- les responsables du GIP jouent un drôle de jeu. Et le débat est loin d'être aussi "serein"  que le laisse entendre le journaliste de l'Affranchi, y compris à la Chambre d'agriculture...

La façon cavalière dont est menée le débat, les pressions et menaces envers ceux qui ont l'audace de lever le doigt pour poser une simple question ou pour affirmer leur NON, en dit long sur la volonté du gouvernement et des pouvoirs publics d'arracher un consentement par tous les moyens même les plus abjects. L'épisode de la banderole brûlée et de l'entrée triomphale de la maire de Giey au Conseil général, comme une Jeanne ayant échappé au bûcher, sont des signes évidents de fébrilité et de difficultés à faire avaler ce projet aux populations.

Conclusion (provisoire) au Jhm

Nous étions ulcérés par ce que disait Piot dans son billet de la 47e semaine. Non parce qu'il militait pour le "Oui au parc" mais, qu'il utilise l'invective comme argument, était tout simplement inadmissible et puis ce billet manquait cruellement d'humour (ce qu'on pourrait lui pardonner) mais surtout d'empathie pour le monde rural.

Changement complet de décor et de couleur avec le billet d'humeur de Frédéric Thevenin paru le 28 novembre à propos de la consultation des communes tant vantée par la préfecture et le Conseil général réunis…

« L'avis demandé à 250 structures sur le Parc national des forêts Champagne et Bourgogne avant le 9 décembre en est un bel exemple. Quel que soit le pourcentage de oui ou de non, le processus se poursuivra. Dans un moment de folie, on pourrait croire que si 50% des collectivités donnent un avis défavorable, le projet serait annulé. Eh bien non. Aucun pourcentage n'est affiché. Cela évite toute déconvenue.

Toujours dans cette logique démocratique, il est demandé de débattre sans connaître les tenants et aboutissants. Quelques contraintes pour les agriculteurs sont clairement affichées (impossible de retourner des prairies, de détruire des éléments structurant ou de démolir un bâtiment) mais il est également dit que cette liste peut s'allonger dès que le vote des 250 structures aura eu lieu. Autrement dit, avant même la constitution du parc, la situation des agriculteurs va changer sans le savoir au préalable. C'est un peu comme si on demandait aux électeurs de voter les yeux fermés à l'élection présidentielle sans savoir ce qu'il y a dans l'enveloppe. Cela dit, parfois, il vaudrait peut-être mieux..."

Pas mieux comme conclusion.

Richard Vaillant

Secrétaire du syndicat

Déclaration de Jean-Pierre Girardot, responsable de l'Association des Racines et des Hommes

OUI...  AU REFERENDUM !


« Nous déplorons le manque de transparence dans ce dossier. A écouter les porteurs de ce projet, rien ne changera avec le Parc. Alors pourquoi faire un parc ? Sous la pression, quelques éléments sont dévoilés et font prendre conscience aux citoyens des contraintes imposées dans un parc et qui sont définies dans la loi de 2006. Le premier exemple est celui des terres agricoles et des forêts communales qui ne devaient pas être dans le cour du parc et qui y sont obligatoirement, puisque les textes officiels stipulent clairement que le cour pourra être constitué de forêts domaniales, communales et privées, de terres agricoles et de propriétés bâties. Cette situation est d'autant plus inquiétante que dans le cour du parc, une partie importante des compétences des maires est transférée au directeur du parc nommé par le ministère de l'Ecologie.

Face à cette situation insoutenable, nous proposons deux solutions. La première est de proposer ce projet à d'autres régions qui, d'après les responsables du GIP l'attendent à bras ouverts. Cette solution nous permettrait de consacrer notre énergie et notre argent à des projets purement économiques plus structurants et plus rassembleurs.

La seconde solution, si les porteurs du projet s'entêtent à vouloir nous l'imposer, est de présenter un dossier finalisé précisant toutes les contraintes et contreparties financières éventuelles. Ce dossier serait ensuite soumis à l'approbation des communes concernées par référendum».