la une      actualités       syndicat     dossiers     international     savoir     liens

Conseil municipal de Chaumont (suite)

Culture bobo...

Tout le monde est à peu près d’accord : aucun argument, économique, social ou sanitaire ne peut justifier la fermeture des théâtres, des musées, des cinémas. Des lieux de culture où l’on réfléchit, on échange, on s’étonne, on pleure de larmes et de rire. Et parfois même où il suffit à notre bonheur d’être là, assis, les yeux dans le vague du rideau encore baissé ou de la guitare posée sur son support dans une scène étrangement vide...

On peut rabâcher : les supermarchés, les métros, les trains, les avions et les lieux de culte sont ouverts, mais aller voir du spectacle vivant, vous n’y pensez pas, c’est trop...  
Trop  ? De quoi les gens de pouvoir ont-ils peur aujourd’hui ? Qu’on se reprenne à se passionner, à parler de liberté et de fraternité ? Macron dans son Élysée doit penser que les cinés, les théâtres, les music-halls, les musées, les clubs de jazz, les festivals de chanson, mais aussi les restaurants et les bars sont autant de lieux de sédition et de résistance. Il ne se trompe pas. La culture a toujours été le pire des fléaux pour les pouvoirs fondés sur la peur et l’autoritarisme.
Et la seule, vraiment la seule bataille à mener actuellement,  c’est d’exiger du gouvernement et du préfet qu’ils arrêtent leurs simagrées et qu’ils rouvrent les lieux de culture. Sans attendre. Il y va de la survie de toute une profession, créateurs, acteurs, chanteurs, musiciens, techniciens, sociétés de spectacles et de tous les intermittents qui galèrent actuellement ; il y va aussi de la santé physique et mentale des spectateurs. 
Il faut bien avouer que l’on reste pantois devant les débats du dernier Conseil municipal de Chaumont, que ce soit en off ou en séance. Au lieu d’exiger que la culture reprenne toute sa place dans la vie de la cité, on parle gros sous. Pensez donc, la culture, ce machin élitiste ou bobo... Bobo, on lâche ça à tout bout de champ pour éviter le vrai débat. Il est d’ailleurs étrange -et significatif- que ce mot soit aussi repris pour stigmatiser les habitants du Clos Dormoy qui luttent contre la bétonisation de leur quartier...

Commencez par me lire, disait Aragon à ceux qui parlaient de son œuvre romanesque et poétique sans l’avoir lue vraiment. Oui, (re)commençons à aller au Nouveau Relax, au Signe, dans les musées et les festivals de chanson, de musique et de jazz (nous avons tout cela en Haute-Marne), avant tout jugement à l’emporte-pièce. Jugement qui ne fait que conforter la politique de destruction massive de la culture mitonnée par un gouvernement qui a, depuis longtemps, quitté les chemins de la démocratie et de la liberté. 

RICHARD VAILLANT, syndicat CGT des retraités de Chaumont