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Une immense fumisterie

Par Jack Formet - 26 avril 2019


Le président de la République s’est très longuement répandu, étalé même, ce jeudi 25 avril.  De toutes ses affligeantes tirades, les innombrables gagne-petit auront certainement retenu que, dès le matin et cela jusqu’au soir, leur « boule au ventre vient de la perte du sens collectif » (faut comprendre), ou encore que « le pouvoir d’achat a connu une augmentation inconnue depuis plus de dix ans ». C’est à peine croyable.

Alors que plus personne, surtout chez les godillots, ne conteste le fait que Macron, et lui seul, concentre tous les pouvoirs, décide de tout, le patron de LREM a eu cette envolée : « On est en train d’inventer une nouvelle forme de démocratie ». Incroyable encore.

Mais c’est vrai, le banquier, la main sur le coeur, a dit qu’il ne toucherait pas aux 62 ans, l’âge légal pour cesser le boulot.  Mensonge, encore et toujours, puisqu’une situation de « droit » peut être balayée par une situation « de fait » qui place des centaines de milliers de retraité-e-s à travailler plus longtemps et quémander l’appoint pour parvenir à la fin de tous les mois.

C’est d’ailleurs pourquoi le président des riches a insisté sur deux choses. La première : « La France travaille moins que ses voisins » et la seconde, qui coule forcément de source : « On doit travailler plus longtemps puisqu’on vit plus longtemps », sachant qu’il avait insisté sur la réforme des retraites et la disparition du régime général comme celui des régimes « spéciaux », sans piper mot sur le nouveau système qu’il entend imposer, celui des points, via la décote, lequel, même en travaillant « davantage », ferait que le niveau des pensions serait encore plus maigrichon.

Il y a eu cette annonce que nous n’oublions pas : les pensions inférieures à 2000 euros seront indexées sur le taux de l’inflation à partir de 2020. Cela ne saurait satisfaire les retraités qui revendiquent une augmentation immédiate de toutes les pensions. 

Nous sommes à des lieues des attentes. Qu’en est-il de ces retraitées, ces femmes justement, qui n’ont pas même 700 euros par mois ? Qu’en est-il de la CSG, du relèvement du SMIC et des pensions ? Qu’en est-il des services publics, indispensables à tous les citoyens, dont Macron vient de dire qu’il fallait les restreindre ? Qu’en est-il de l’ISF quand le président des riches confirme : « Pas touche » ? Qu’en est-il du vote blanc ? Qu’en est-il encore du référendum d’initiative citoyenne ? Que dire enfin des 1000 euros proposés comme « base » minimale quand l’aumône tendue contient toute l’indignité que nous refusons ?

Le « grand débat national » a quand même tenu sa promesse. Il s’est terminé tout comme ce pour quoi il a été lancé : un vaste enfumage.

Il y a cependant une phrase que Macron a lâchée, sûrement à l’insu de son plein gré : « La productivité de la France est l’une des meilleures du monde ». Mais alors, pourquoi celles et ceux qui travaillent ou ont travaillé n’en reçoivent-ils pas tous les bienfaits ? D’où la revendication posée de la répartition des richesses et la question : à quoi, mais surtout à qui sert le progrès ?

Enfin, pour terminer, le chef de l’Etat est revenu sur la « cordée » dont il a dit que « le premier peut tomber en entraînant tous les autres ».

Répondons-lui que les simples gens n’ont besoin d’aucune corde, surtout pas celle pour les pendre. Qu’ils viendront à bout de toutes les montagnes, notamment celle du mensonge qu’ils désignent aujourd’hui comme une immense fumisterie. JF