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Haute-Marne : DÉSERT PROGRAMMÉ ?

En avril 2020 un événement a fait jaser. S’appuyant sur les données de l’opérateur Orange, l’Insee a produit des estimations sur la migration suite au confinement. Paris perdait 11 % de sa population, ce n’est pas mince ! Et, surprise, entre départs et retours, la Haute-Marne se voyait attribuer un solde positif (mais provisoire) de 4 000 âmes. Tout simplement énorme ! Le corollaire, c’est le rêve visionnaire d’Alphonse Allais qui prend corps. À l’avenir, les villes seront construites à la campagne !

L’exode, de rural, devient urbain. Voilà pourquoi, à grand coup de com’ dans la capitale, le 52 se fait fort, comme Jésus les pains, de multiplier ou, plus modestement accroître, sa population. Pourtant la persistance de cette idée (payante) va à l’encontre des études successives produites par l’Insee sur l’accroissement démographique continuel de l’aire des métropoles.

L’organisme fait tourner à plein ses machines à stats. Il publie d’abord le chiffre officiel de la population du département au 1.01.18. Chute conséquente de 1 600 âmes après celle de 2 440 l’année précédente. Puis il nous gratifie le 19 janvier dernier de ses données prévisionnelles, qui confirment ce que nous avancions dans un précédent article. À savoir, qu’au 1er Janvier de cette année, la Haute-Marne est passée sous la barre des 169 000 habitants. De plus, sa publication quinquennale 2008 à 2018 qui a été étendue de trois ans jusqu’à 2021 désigne le 52 comme indiscutable grand perdant de tout le Grand-Est.

Le taux de perte de 7,27 % alors que le pays progresse de 2,83 % montre un recul de 10 %. Et désigne aussi la Meuse, ce qui n’est pas innocent, bonne deuxième. C’est dans ce contexte, et en lien évidemment avec l’ensemble des crises que nous vivons, qu’est publié l’avis, sulfureux à plus d’un titre, de l’Autorité Environnementale dans le cadre de la Déclaration d’utilité publique de la poubelle nucléaire Cigéo.

Nous retiendrons de cet avis (forcément) éclairé de 56 pages, l’idée qu’il faut « en application du principe de précaution, chercher à limiter durablement la population exposée ». L’alternative consisterait à désertifier ni plus ni moins « le territoire potentiellement exposé aux risques sanitaires… ». C’est-à-dire y développer de l’activité sans humains, dédiée à la préservation de la nature et sa biodiversité. On croirait du B. Abba dans le texte, sans cette poésie dont elle a le secret. Le tout, ce qui est un comble, grâce à une mise sous perfusion financière de dizaines de millions d’euros censés favoriser le développement de ces territoires abandonnés.

G. Tardenois