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Action unitaire des retraités

28 septembre 2017

Prise de parole de Guy Beck

au nom des sept organisations

syndicales de retraités

Marché Couvert de Chaumont


Mesdames, messieurs, cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,


Une fois encore nous voici réunis, unis. Depuis quelques années déjà, l’ensemble de nos organisations de retraités appelle à la mobilisation. Ensemble nous avons convenu d’une prise de parole unique. C’est donc au nom de nos organisations départementales de retraités que je m’adresse à vous.

Voici quelques mois seulement que M. Macron est président et, immédiatement, il a annoncé la couleur, en bref c’est à droite toute et que vive l’ultra-libéralisme. Afin de conforter mon propos, je veux reprendre ce que déclarait un membre de l’Académie des Sciences le 18 mai dernier. Il disait : « Voici un paradoxe. Les progrès des sciences, les progrès en médecine, tous les progrès auxquels nous pouvons penser traduisent et aggravent les inégalités dans le monde. Ils pourraient être au bénéfice de tous, ils sont d’abord au service des riches et des puissants. Ils enrichissent les détenteurs de capitaux qu’ils placent en fonction des innovations annoncées. Ils concourent à la préparation des guerres et à leur exécution. Ils pourraient dégager de nouvelles pistes, non seulement en science et en santé mais pour étendre et améliorer l’environnement, pour répondre aux besoins présents et à venir. Au lieu de cela, ils s’inscrivent dans la financiarisation générale de l’économie qui mène l’ensemble de l’humanité à la catastrophe ». Fin de citation.

On peut sans risquer de se tromper, mettre en rapport notre propre réalité avec ces propos. Les dividendes augmentent au pas cadencé, les actionnaires se gavent et les créateurs de richesses, en clair tout ce que notre pays compte de travailleurs, des salariés manuels et intellectuels, sont catalogués de nantis et s’ils osent contester la politique menée, ils sont traités de fainéants, de cyniques, d’extrémistes par le petit prince de la banque Rothschild.

Peut-être serait-il bon de lui rappeler que l’on ne traite pas ainsi le peuple de France et encore moins en nous insultant de l’étranger, ce que jamais aucun de ses prédécesseurs n’avait osé faire. De plus, cet homme est habité par l’indécence car tenir ces propos depuis la Grèce qui est et reste le laboratoire de la façon dont les puissants de ce monde pillent un pays avec des conséquences dramatiques pour son peuple ; pour mémoire, je vous rappelle que pour les retraités grecs, c’est moitié de leur modeste pension qui leur a été volée.


Amis et camarades,

Nous, retraités, qui avons pendant des décennies contribué dans la diversité de nos professions à créer des richesses immenses, nous n’acceptons pas d’être traités de nantis, d’égoïstes, etc… Nous sommes 16 millions de retraités dans notre pays et des millions d’entre nous connaissent aujourd’hui les restrictions et vivent dans la pauvreté. En Haute-Marne, nous représentons plus de 30% de la population et 40% d’entre nous vivent avec moins de 1000€ par mois.

Comme le rappelait la semaine passée dans une conférence de presse l’ensemble de nos organisations, M. Macron a choisi son camp : c’est celui des puissants, il roule pour le MEDEF. M. Macron fonctionne avec plus de considération pour les chiffres que pour les hommes. C’est le point de départ de toute la politique qui se développe, la déshumanisation de la vie publique est très préoccupante.

A nous, il prend 1,7% de CSG en plus. Il bloque nos pensions et l’hypothétique augmentation de 0,8% au 1er octobre, s’il est à mettre au compte de la crainte de notre colère légitime, ne résout  pas la perte de 20% de pouvoir d’achat de nos retraites. Il faut être sacrément gonflé pour prétendre que 5€ d’APL en moins, ce n’est rien et que cela va contribuer à redresser l’économie. Ces gens-là ne savent pas que, pour beaucoup, c’est le pain de la semaine !

Des millions de retraités vont être concernés, ce sera beaucoup de caddies en moins. Des millions de familles modestes sont aussi dans l’œil du cyclone ainsi que des milliers d’étudiants seront concernés. A ce propos, un récent sondage organisé par La Croix Rouge révèle que rien qu’en région parisienne 13 000 étudiants se privent de 5 à 7 repas par semaine. Un autre sondage du Secours Populaire Français confirme l’appauvrissement des plus âgés qui doivent subsister avec quelques euros par jour.

à l’autre bout,  une étude montre que 3520 ménages les plus riches de France, appelés les « ultra-riches » cachent à eux seuls pas moins de 140 milliards d’euros dans les paradis fiscaux. C’est tout simplement 7% du PIB national. Pour cette intervention, je me suis arrêté sur la situation de Bernard Arnault, PDG de LVMH, sans doute l’homme le plus riche de notre pays. Sa fortune personne, c’est près de 50 milliards d’euros. Cet homme a 68 ans, à supposer qu’il vive jusqu’à 100 ans, ce que je lui souhaite, à supposer que son petit pactole ne fasse pas de petits dans la bulle financière, eh bien pour les 32 années qu’il lui reste à vivre il disposerait pour ses petits plaisirs du quotidien d’un peu plus de 2400 euros par minute. J’insiste : 2400 euros c’est 2 SMIC par minute. Avec M. Macron, il a tout empoché car l’ISF va diminuer. Elle est pas belle la vie !

M. Macron, en voilà des pistes pour donner à notre pays les moyens d’une grande politique nationale. Ce ne serait que justice car ce que nous voulons, c’est une autre répartition de la richesse produite. Nous produisons en France 4 fois plus de richesses qu’il y a 30 ou 40 ans et le constat, c’est que l’on assiste à un appauvrissement de la population dans sa globalité, et à l’autre pôle, des fortunes immenses pour les gavés. Cela suffit !

Je le répète, voici des pistes pour aller chercher les moyens d’une politique sociale et de justice au service de tous. Car cet argent représente des richesses produites par le plus grand nombre et accaparées par quelques-uns et pour nous ça signifie encore plus de sacrifices.

Macron, ce serviteur de la grande fortune vient nous faire les poches à nous en augmentant de 1,7% la CSG, soi-disant pour augmenter les salaires au plus grand bénéfice des patrons, notamment les plus grands qui sont insatiables pour verser leurs dividendes à leurs actionnaires. Nos patrons chez nous sont les champions européens en la matière.

Notre combat contre ces mesures est loin d’être un combat égoïste, c’est d’abord une vague de refus contre l’aggravation de la pauvreté dans notre France pourtant si riche. Gandhi disait en son temps que « la pauvreté  est la pire forme des violences » et en écho Nelson Mandela clamait «vaincre la pauvreté ce n’est pas un geste de solidarité, c’est un acte de justice ». Amis et camarades, notre mobilisation d’aujourd’hui et celles à venir sont d’abord des actes d’amour pour l’être humain. Notre combat c’est d’unir les colères.

M. Macron et M. Philippe veulent aussi supprimer les contrats aidés. C’est un gigantesque plan de licenciements. Ce sont des milliers d’emplois qui vont être supprimés. Ce sont des milliers d’associations qui vont mourir faute de moyens. C’est une attaque contre le mouvement associatif solidaire en France. Les contrats aidés, même si ce n’est pas la panacée, ont un coût moins élevé que le CICE. Le coût d’un emploi aidé se situe entre 7000 et 11000 euros par an. C’est bien moins que le coût d’un emploi induit par le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) promu par le gouvernement : entre 286000 et 570000 euros… Avec le CICE, on allait voir ce qu’on allait voir, mais où est donc passé le million d’emplois promis par M. Gattaz ?

M. Macron a proclamé aussi depuis l’étranger que nous étions un peuple hostile à toute réforme, je veux lui dire aujourd’hui, M. Macron :

- supprimez cette hausse indécente de la CSG sur nos retraites,

- prenez les mesures pour combler les pertes de pouvoir d’achat des retraités que nous estimons à 20%,

- faites ce qu’il faut afin que la perte d’autonomie ne soit plus une charge pour les intéressés et leurs familles,

- donnez les moyens à la Sécurité sociale afin que la santé ne soit plus une marchandise et un objet de profit, notamment en créant des emplois,

- arrêtez la casse de nos services publics,

- arrêter votre agression contre le code du travail,

- écoutez les organisations syndicales, prenez en compte leurs propositions afin que la vie soit emplie de bonheur pour tous.

Si vous prenez ces mesures et d’autres qui seraient des réformes réelles, soyez sûr que nous les  approuverons avec enthousiasme. Nous sommes en lutte aujourd’hui comme nous le serons demain car nous savons toutes et tous, après parfois quelques illusions légitimes, doublées d’un rejet de la haine, que vous êtes au service du grand capital et des gavés qui en demandent toujours plus.

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